GM&S : la justice se prononce lundi sur une reprise partielle

Après de multiples reports, le tribunal de Poitiers doit une nouvelle fois statuer ce lundi sur l'avenir de GM&S.
Après de multiples reports, le tribunal de Poitiers doit une nouvelle fois statuer ce lundi sur l'avenir de GM&S. © PASCAL LACHENAUD / AFP
  • Copié
, modifié à
Le tribunal de Poitiers doit statuer lundi sur l'offre de reprise de l'équipementier automobile creusois GM&S par l'entreprise GMD.

Epilogue probable d'un dossier industriel qui aura aiguillonné les politiques pendant des mois, la justice statue lundi sur l'offre de reprise de l'équipementier automobile creusois GM&S, où 120 emplois sur 277 seraient préservés, un "mieux que rien" insuffisant pour des salariés mobilisés mais de moins en moins audibles.

Manifestations. Comme lors des multiples audiences depuis le redressement judiciaire en décembre, depuis la liquidation fin juin, les "tee-shirts bleus" de GM&S viendront lundi en nombre depuis le site de La Souterraine en Creuse pour manifester, entre fumigènes, pétards et cornes de brume, devant le tribunal de commerce de Poitiers. La juridiction - qui pourrait mettre sa décision en délibéré à quelques jours - statue à partir de 10h sur l'offre de reprise partielle de GM&S (emboutissage, assemblage, tôlerie) par le leader français de l'emboutissage, GMD (Groupe Mécanique Découpage) : la seule offre ferme sur la table, valide jusqu'au 20 septembre.

Une offre mais insuffisante selon les salariés. Une offre qui a mis des mois à accoucher, et dont la dernière condition suspensive a été levée fin juillet par le PDG de GMD, Alain Martineau, venu alors à La Souterraine chercher "l'adhésion" des salariés. Adhésion ? Le Comité d'entreprise de GM&S, dans un avis rendu vendredi, s'est certes bien gardé de rejeter l'offre GMD mais a réaffirmé sa position: une offre "pas rationnelle" sur le plan industriel, "insuffisante" sur l'emploi et l'accompagnement, et sans garantie sur la "pérennité" du site. Et le personnel, soulignent CGT et FO de GM&S, a voté à 70% pour la poursuite des actions dans les jours à venir. Afin de "faire bouger les lignes" sur l'emploi préservé, et sur l'accompagnement des licenciés. A l'Elysée jeudi, une délégation de "La Soute" remettait un courrier pour le président Emmanuel Macron, sollicitant son intervention.

"Mieux que rien". "120 emplois repris, c'est mieux que rien !" Les salariés refusent cette "ritournelle gouvernementale", et sont convaincus que, même si le tribunal valide l'offre en l'état (120 emplois), "les lignes peuvent encore bouger". Mais ils savent aussi que le temps presserait alors, avant le départ des lettres de licenciement. Et sur un fond d'actualité sociale - la réforme du Code du travail - qui rend leurs revendications moins audibles qu'il y a quelques mois. Quand le ministre Bruno Le Maire se déplaçait en juillet en Creuse, quand le président Emmanuel Macron, fraîchement élu, rencontrait en juin des salariés, leur promettant de faire le "maximum", mais rappelant qu'il n'était "pas le Père Noël".

Pas des "enfants gâtés". Le personnel rejette l'idée qu'ils seraient des "enfants gâtés", en raison des garanties de commandes arrachées par Bercy à PSA et Renault (principaux clients de GM&S) : 22 millions d'euros annuels sur cinq ans, et 15 millions d'investissement répartis entre Etat et constructeurs.  Pour les syndicats, ce "quinquennat promis en chiffre d'affaires" vise juste à garantir la "paix sociale" pour un temps, permettre à "Emmanuel Macron de souffler". Pour le repreneur Martineau, ces prévisions de chiffre d'affaires à cinq ans donnent au contraire à GM&S "le temps de s'organiser, se développer (...) et repartir, pas de doute".

Combat sur les indemnisations. Parallèlement, et peut-être prioritairement, les syndicats entendent se battre sur "l'indemnisation des blessés", ainsi qu'ils ont baptisé les futurs salariés licenciés : indemnités extra-légales (ils réclament 75.000 euros par licencié), formation et reclassement pour un personnel à plus de 50 ans de moyenne d'âge, et dont une trentaine avaient au printemps, peu avant la liquidation, exprimé l'intention de partir. Mais partir où ? L'Etat, insiste la CGT, "ne mesure pas l'échelle du cataclysme" de 157 emplois perdus dans un bassin de vie, un désert industriel - la Creuse - dont GM&S était jusque là le deuxième employeur privé. "Mise en oeuvre d'un plan social digne de ce nom, éventuellement abondé par divers intervenants", dont les constructeurs, réclamait le CE dans son avis vendredi. "Tant que cette question ne sera pas réglée, il ne pourra y avoir de reprise sereine et pérenne".