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Sophie Eychenne, édité par Pauline Rouquette
Au lendemain de la mort de l'avocate et militante féministe, Gisèle Halimi, Europe 1 a recueilli le témoignage d'Anne Tonglet, l'une des deux jeunes femmes victimes du "procès d'Aix" en 1974. Celle-ci se rappelle d'une femme "extrêmement chaleureuse", grâce à laquelle "de plus en plus de jeunes filles ont osé porter plainte".
TÉMOIGNAGE

C’est un témoignage puissant recueilli mercredi par Europe 1 au lendemain de la mort de Gisèle Halimi, avocate et militante pour la cause féministe, décédée à l’âge de 93 ans. Celui d'Anne Tonglet, l'une des deux jeunes femmes belges victimes d'un viol collectif, par trois hommes, à Marseille, en 1974.À l'époque, les faits sont qualifiés de "coups et blessures" et "attentat à la pudeur", mais le fameux "procès d'Aix" permettra, grâce à Gisèle Halimi, de requalifier les faits, marquant une étape importante dans la prise de conscience sur la gravité du viol et de ses conséquences pour les victimes. Aujourd'hui Anne Tonglet, l’une des deux victimes, a 70 ans, et elle rend hommage à celle "qui l'a sauvée".

"Je ne sais pas comment on a fait pour survivre à tout ça"

"Je ne sais pas comment on a fait pour survivre à tout ça, heureusement qu'on a rencontré Gisèle Halimi", exprime Anne Tonglet. "C’était une femme extrêmement chaleureuse avec les femmes. C’est incroyable. Elle trouvait les mots justes, c’est ce que j’ai toujours admiré chez elle", poursuit-elle, évoquant la simplicité et la clarté du discours de l'avocate.

À la suite de cette affaire, Anne Tonglet explique que de plus en plus de jeunes filles et de femmes ont osé porter plainte. "Une telle machinerie qui se met en route, c'est écrasant", estime la septuagénaire qui rappelle que "les violences contre les femmes, le viol, ça n'arrive pas qu'aux autres".

"Tu resteras pour moi, et pour toutes les autres, un exemple"

Anne Tonglet se souvient qu'"on considérait que les filles et les femmes qui étaient violées, l'avaient cherché". Alors quand le mouvement #MeToo est né, celle-ci a repris espoir. Voir les femmes prendre la parole et dénoncer, "ça m'a fait pleurer de joie", dit-elle. "Je me suis dit : 'enfin, je vivrai ce moment-là avant de mourir'", poursuit-elle, ajoutant que Gisèle Halimi ressentait la même chose.

Gisèle Halimi, celle grâce à qui "je survis", abonde Anne Tonglet, avant de céder à l'émotion. "Je voudrais dire à Gisèle Halimi : 'tu resteras pour moi, et pour toutes les autres, un exemple. Je porterai tes combats avec toutes les autres qui veulent continuer le combat."

Mardi, Emmanuel Macron a salué une "républicaine passionnée", Marlène Schiappa, elle, a rendu hommage à "une grande dame du féminisme". Toute sa vie, Gisèle Halimi s'est battue pour la criminalisation du viol, l'émancipation des femmes, et leur droit à l'avortement.