ARCHIVES - Quand Gisèle Halimi racontait le procès de Bobigny à Christophe Hondelatte

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Christophe Hondelatte , modifié à
ARCHIVES - L'avocate Gisèle Halimi est morte mardi à 93 ans. Féministe, engagée en politique, elle s'était fait connaitre du grand public en 1972 en défendant une mineure jugée pour avoir avorté à la suite d'un viol. En janvier 2020, elle était revenue au micro de Christophe Hondelatte sur ce procès historique. 
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L'avocate et ancienne députée Gisèle Halimi est morte mardi, au lendemain de son 93ème anniversaire. Elle avait consacré sa vie à la cause des femmes et au droit à l'avortement. En 1972, elle avait ainsi défendu une mineure jugée pour avoir avorté à la suite d’un viol. Elle était revenue sur ce procès historique au micro de Christophe Hondelatte en janvier 2020. Europe 1 vous propose de réécouter l'intégrale de cette émission.

En 1972, le nom de Gisèle Halimi fait les gros titres. Issue d'une famille modeste de La Goulette en Tunisie, elle était jusque-là peu connue du grand public. Avocate engagée en politique, féministe, elle prend en charge cette année-là la défense de Marie-Claire Chevalier, une mineure jugée pour avoir avorté après avoir été violée.

A la barre, elle appelle de prestigieux témoins. "De tous ces grands témoins, hommes et femmes, que j'ai fait passer à la barre, la plus juste a été Simone de Beauvoir, le plus efficace a été le professeur Milliez. Il était catholique et contre l'avortement", se rappelait-elle sur Europe 1.

"Je voulais que l'on dise 'j'ai avorté et c'est un droit' !"

Gisèle Halimi obtient la relaxe de la jeune femme et parvient à mobiliser l'opinion. "L'opinion publique était prête. Je voulais que l'on dise 'j'ai avorté et c'est un droit' !" Fondatrice en 1971 avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir de l'association pour le droit à l'avortement "Choisir la cause des femmes", elle est la même année l'une des signataires du célèbre manifeste des 343 femmes disant publiquement avoir avorté. "C'est une histoire que j'ai vécue moi-même, un avortement avec hémorragie, en Tunisie. J'ai senti à quel point c'était désespérant. Je comprenais que les femmes qui n'étaient pas aidées choisissent quelques fois le suicide. C'est très difficile à exprimer aujourd'hui encore. On a changé les lois, mais les mentalités résistent."

L’avortement sera dépénalisé quelques années plus tard avec la loi Veil, votée en 1975. Élue députée de l'Isère (apparentée PS) en 1981, Gisèle Halimi poursuivra son combat à l'Assemblée, cette fois-ci pour le remboursement de l'interruption volontaire de grossesse (IVG), finalement voté en 1982.