Gilets jaunes : moins de heurts à Paris, des tensions en région... Ce qu'il faut retenir de l'acte 19

A Montpellier, des heurts ont éclaté et se sont poursuivis jusqu'au soir après le départ d'un cortège rassemblant 4.500 personnes.
A Montpellier, des heurts ont éclaté et se sont poursuivis jusqu'au soir après le départ d'un cortège rassemblant 4.500 personnes. © Sylvain THOMAS / AFP
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Grégoire Duhourcau, avec AFP , modifié à
Une semaine après un "acte 18" particulièrement violent, le 19ème samedi de mobilisation des "gilets jaunes" a été beaucoup plus calme malgré quelques tensions. Au total, 40.500 personnes ont manifesté en France, contre 32.000 une semaine plus tôt. 

"Aujourd'hui, l'ordre républicain a été maintenu." Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner s'est félicité de la façon dont les forces de l'ordre ont réussi à contenir les violences, samedi, à l'occasion de "l'acte 19" des "gilets jaunes". Une semaine plus tôt, "l'acte 18" avait, quant à lui, été particulièrement violent. Par crainte d'un scénario similaire, des mesures drastiques avaient été prises. Le dispositif policier a été revu et renforcé à Paris et les manifestations ont été interdites dans les périmètres clés de plusieurs villes, comme sur les Champs-Elysées à Paris ou la place du Capitole à Toulouse.

Mobilisation en hausse, 233 interpellations

Ce samedi, environ 40.500 personnes, dont 5.000 à Paris, ont manifesté. C'est plus que samedi dernier, où ils étaient 32.000 dans l'ensemble du pays, dont 10.000 à Paris. Christophe Castaner a par ailleurs relevé que 233 interpellations avaient eu lieu dans toute la France, 172 placements en garde à vue et 107 personnes verbalisées pour avoir tenté de prendre part à des rassemblements interdits. Sur l'ensemble du territoire, 65.000 policiers et gendarmes étaient mobilisés, ainsi que 30.000 sapeurs-pompiers.

A Paris, "8.545 contrôles préventifs ont été réalisés", a indiqué le ministre de l'Intérieur. Selon la préfecture de police, 96 personnes ont été interpellées et 53 verbalisées. A Nice ou à Bordeaux aussi, "les personnes qui ont tenté de braver les arrêtés d'interdiction de manifestation ont été arrêtées et sanctionnées", a-t-il poursuivi, relevant "80 interpellations" à Nice.

"Les bonnes consignes ont été appliquées et les résultats sont là : toutes les manifestations déclarées, à Paris comme en région, ont pu se dérouler globalement dans le calme" et les "tentatives de violences et de pillage ont pu être prévenues, empêchées, stoppées", s'est-il réjoui. "Dans toute la France, de nombreuses personnes ont été interpellées alors même qu'elles tentaient de rejoindre Paris avec des battes de baseball, des projectiles, des masques à gaz et la volonté revendiquée de casser", a-t-il précisé.

Un policier dans un "état très sérieux" après un malaise cardiaque à Paris

A Paris justement, découragés par un imposant quadrillage policier sur les Champs-Elysées, jalonnés de fourgons bleus, les "gilets jaunes" ont préféré défiler dans le calme entre la place Denfert-Rochereau et la basilique du Sacré-Cœur. La situation s'est tendue en fin d'après-midi quand une partie du cortège a repris la direction du centre de la capitale. Les manifestants ont incendié des poubelles et vandalisé une devanture de banque, avant d'être dispersés à coup de lacrymogènes.

En marge de ces débordements, place de la République, un policier d'une compagnie d'intervention a fait un malaise cardiaque et a été conduit à l'hôpital, dans un "état très sérieux" selon la préfecture. Pendant de longues minutes, les secours ont pratiqué des massages cardiaques sur ce membre des forces de l'ordre alors qu'il était allongé au sol, avant qu'il ne soit transporté en urgence à l'hôpital. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a indiqué avoir une "pensée particulière" pour ce policier, affirmant suivre "sa situation de près".

Situation plus tendue en région

En revanche, les échauffourées ont été plus nombreuses en région. A Montpellier, qui n'avait pas été soumise à des restrictions de manifester, des heurts ont éclaté et se sont poursuivis jusqu'au soir après le départ d'un cortège rassemblant 4.500 personnes selon la préfecture. Les forces de l'ordre ont fait des sommations puis procédé à des tirs nourris de grenades lacrymogènes, alors que des manifestants leur jetaient canettes et bouteilles de bière. Vingt personnes ont été interpellées.

Des tensions étaient également palpables dans plusieurs villes où les manifestations avaient été interdites dans les lieux emblématiques et traditionnels points de rassemblement de "gilets jaunes". A Bordeaux, place forte du mouvement, des tensions se sont fait sentir en centre-ville, là aussi interdit de manifestation, avec l'arrivée de militants des "black blocs" en milieu d'après-midi. A Toulouse, au chant de "on est là même si Macron le veut pas", quelques milliers de "gilets jaunes" ont manifesté en début d'après-midi dans le centre-ville, tentant une brève incursion sur la place du Capitole qui était interdite aux manifestants.

Du côté de Lille, plus de 1.500 "gilets jaunes", selon une source policière, ont manifesté d'abord dans le calme, accompagnés par deux figures du mouvement Priscillia Ludosky et Maxime Nicolle, avant que des tensions n'éclatent à plusieurs endroits en fin de parcours. L'ambiance s'est tendue à la gare, où a eu lieu un premier face-à-face avec un cordon de CRS empêchant les manifestants de dévier du parcours déclaré. Les forces de l'ordre ont alors tiré des grenades de gaz lacrymogène à quelques autres reprises ; quelques poubelles ont été incendiées, des vitrines abîmées et des panneaux publicitaires cassés, des dégradations inédites à Lille depuis les premières manifestations en novembre. Sept personnes ont été interpellées selon France 3 Hauts-de-France

Une septuagénaire grièvement blessée à Nice

A Nice, des heurts ont éclaté dans l'après-midi lorsque quelques centaines de manifestants ont tenté de pénétrer dans le périmètre interdit aux rassemblements, déclenchant des tirs nourris de gaz lacrymogène. Au total, la police a procédé à 80 interpellations dans la ville azuréenne, où une septuagénaire a été grièvement blessée à la tête en tombant au sol pendant une charge des forces de l'ordre, dans la matinée.

Les pompiers l'ont évacuée consciente. Sa fille a confirmé à l'AFP qu'il s'agissait d'une membre d'Attac 06, qui était venue pour le droit de manifester, avec un drapeau altermondialiste arc-en-ciel. "Elle souffre de plusieurs fractures au crâne, au rocher (oreille interne) et des hématomes sous-duraux", a précisé sa fille, ajoutant que les médecins avaient eu "très, très peur" pour elle quand ils l'avaient examinée.