Gilets jaunes : malgré les interdictions, les commerçants craignent de nouveaux dégâts

© Zakaria ABDELKAFI / AFP
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Jihane Bergaoui, Claudia Bertram, édité par G.P. , modifié à
Malgré les interdictions de manifester, les commerçants estiment que les problèmes vont simplement être déplacés et que le fond du problème ne change pas.
REPORTAGE

Paris, Nice, Bordeaux, Toulouse ou encore Marseille. Dans toutes ces villes, il sera interdit de manifester dans des zones bien précises samedi, à l'occasion de l'"acte 19" des "gilets jaunes". Malgré ces mesures, les commerçants craignent de nouvelles violences, une semaine après les incidents de l'"acte 18", où de nombreux commerces ont été dégradés, notamment une centaine à Paris.

"On a l'impression que l'on est en pleine guerre". Vendredi soir, les Champs Élysées se préparent pour la journée du samedi 23 mars, même si la préfecture a interdit tous les rassemblements sur la plus belle avenue du monde. Les commerces se barricadent et tentent de sauver les vitrines qui n'ont pas encore été détruites. Partout, le long de l'avenue, on retrouve des chantiers avec des ouvriers qui installent des palissades, des grilles de protection. Tous anticipent de nouvelles scènes de saccages.

Marc tient un pressing et il est persuadé que l'interdiction n'empêchera pas les "gilets jaunes" de se mobiliser. "Je suis sceptique, cela va déplacer le problème", confie-t-il au micro d'Europe 1. "On a l'impression que l'on est en pleine guerre, c'est un désastre. C'est malheureux car tous les commerçants ne travaillent pas et la situation ne le permet pas."

Paris sous son mauvais jour. Les touristes, venus admirer la capitale et sa célèbre avenue vendredi, en oublient presque de contempler l'Arc de Triomphe. Ils sont plus concentrés à photographier les restaurants et boutiques de luxe qui se barricadent. "On entend tellement parler de Paris, à quel point tout est beau. Puis quand vous voyez toutes ces vitrines barricadées... c'est un peu décevant", souligne un touriste américain. "C'est honteux parce que c'est une si belle ville, ça ne montre pas Paris sous son plus beau jour", poursuit sa compagne.

"Malgré les interdictions, les gens manifestent". Même résignation dans l'ouest de la France, à Bordeaux. Le président de l'association des commerçants de la ville, Christian Baulme, joint par Europe 1, estime que les interdictions de manifester ne vont rien changer. "Ça fait des semaines que ça dure, malgré les interdictions, les gens manifestent", affirme-t-il. "Les interdictions, c'est comme le code de la route ou la météo, c'est donné à titre indicatif, les gens ne respectent pas la loi". En creux, Christian Baulme craint que l'image du centre-ville de Bordeaux ne soit définitivement ternie, entraînant "la mort du commerce" dans cette zone de la ville.