Plus de quatre mois après le début de la grogne, Bordeaux reste l'un des points névralgiques du mouvement des "gilets jaunes". 2:00
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avec Stéphane Place et AFP , modifié à
La préfecture appelle notamment les commerçant à prendre des "mesures de précaution" samedi, en retirant de leur devanture tout ce qui pourrait faire office de projectiles.

Des "risques avérés de dégradations et de violences" sont à craindre samedi à Bordeaux pour l'acte 20 des "gilets jaunes", a annoncé vendredi la préfecture. Alors que la capitale girondine reste l'un des bastions du mouvement et que des appels sur les réseaux sociaux ont invité les Toulousains à se joindre au défilé de samedi, la préfecture annonce que le "dispositif de sécurité et de secours sera renforcé".

Fait inhabituel, la préfecture a publié un communiqué pour alerter sur la "volonté manifeste de certains groupes, violents et très déterminés, de provoquer d'importants troubles à l'ordre public et des dégradations ce samedi dans le centre ville, et de se confronter aux forces de l'ordre". La préfecture a publié les arrêtés désormais habituels d'interdiction de manifester dans une longue liste de rues et places du centre ville, encore élargie, ainsi que de transporter ou vendre toute forme de produits d'artifice, carburant au détail ou autres produits inflammables.

Les commerçants inquiets

Les commerçants du centre-ville sont aussi appelés à "prendre des mesures de précaution particulières", en retirant notamment de la voie publique tout ce qui peut "faire office de projectile". Laure, qui tient une boutique dans la rue Sainte-Catherine, la grande artère piétonne du centre, a fait part de ses craintes au micro d'Europe 1. "Je ne sais pas encore, je vais sûrement fermer samedi pour éviter d'avoir des soucis, mais si on vide complètement les rues commerçantes, ça veut dire qu'il n'y a plus personne pour protéger un minimum et refroidir les 'gilets jaunes' et les Black Blocs. Et tout le chiffre d'affaires qu'on perd, ce n'est ni la mairie ni les 'gilets jaunes' qui vont nous le rendre", a-t-elle déploré. 

Le maire de Bordeaux Nicolas Florian a lui aussi appelé habitants et commerçants à faire de la capitale girondine une "ville morte" samedi. "Je décrète la ville morte demain à Bordeaux. Je suis très inquiet de ce qui pourrait se passer. On nous annonce des centaines de casseurs, de gens qui sont là pour en découdre", a déclaré devant la presse le maire qui a succédé à Alain Juppé. "C'est une journée qui peut être apocalyptique". Il a enfin appelé les "'gilets jaunes' dits de bonne foi à prendre bien conscience maintenant de leurs responsabilités", car "s'il n'y a pas de défilé des 'gilets jaunes' en ville, il n'y aura pas de casseurs, pas de black blocs".

Un "Village jaune citoyen", rassemblement statique sous tentes, organisé depuis deux samedis sans incident en bord de Garonne et sans grande affluence, a lui été de nouveau autorisé. Pour ce 20ème épisode des "gilets jaunes", la nouvelle préfète de Nouvelle-Aquitaine nommée cette semaine, Fabienne Buccio (jusqu'alors préfète de Normandie) n'a pas encore pris ses fonctions, l'intérim étant assuré par la préfète déléguée pour la défense et la sécurité, Valérie Hatsch.