Sur le terrain, la politique du chiffre est bien de retour pour les policiers

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Malgré les dénégations du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, des exemples sur le terrain montrent que la politique du chiffre a bien été réinstaurée dans la police, notamment concernant la nouvelle amende forfaitaire pour usage de stupéfiants. Les syndicats de policiers s’agacent.

Gérald Darmanin s’en défendait il y a une semaine au congrès du syndicat Unsa-Police : il n’y a pas de politique du chiffre dans la police mais une "politique du résultat". Une nuance sémantique du très actif ministre de l’intérieur qui peine à convaincre dans les commissariats. Car malgré ces déclarations, cette fameuse politique du chiffre est bien relancée sur le terrain. Des instructions écrites et chiffrées ont ainsi été diffusées dans certains départements.

Cela concerne les nouvelles amendes forfaitaires pour simple usage de stupéfiant. Par exemple, dans une note de service dans le Rhône, un responsable réclame, noir sur blanc, que telle unité fasse deux verbalisations par jour, telle autre une verbalisation chaque jour. Dans une autre note, en Meurthe-et-Moselle, les mots du ministre "exigence de résultats" sont soulignés, et on peut lire : "il est inconcevable que certains services n'aient encore réalisé aucune amende forfaitaire". Et s'ensuit la liste des villes du secteur avec pour certaines un zéro pointé.

"Il faut que les ministres recadrent l’ensemble de la chaîne hiérarchique"

La contradiction est flagrante avec le discours de Gérald Darmanin, au grand dam de certains syndicats. "Les policiers sont un peu en colère parce que ça n’a pas mis dix jours avant qu’on se retrouve avec des notes", s’agace ainsi Stanislas Gaudon, délégué général du syndicat Alliance. "Il faut que les ministres recadrent l’ensemble de la chaîne hiérarchique pour dire qu’il est hors de question de revoir fleurir ce type de notes qui pousse à la bâtonnite et qui surtout sont des outils de management et de mises en pression des effectifs sur le terrain.

Au ministère de l'Intérieur, on assure que ces exemples de notes sont des initiatives locales et qu'il n'y a aucune consigne nationale en ce sens. Il n'empêche : la hiérarchie demande aux policiers des remontées quotidiennes pour remplir des tableaux chiffrés.