Fracture numérique : que faire pour les laissés-pour-compte d'Internet ?

En 2017, 500.000 Français n’avaient pas moyen d’accéder à Internet chez eux.
En 2017, 500.000 Français n’avaient pas moyen d’accéder à Internet chez eux. © AFP
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François Geffrier, édité par Guillaume Perrodeau
Chaque samedi, Europe 1 va plus loin. François Geffrier, du service économie d’Europe 1, s'est intéressé à la France des oubliés d'Internet, ces territoires où on ne capte pas de réseau en 2018.
REPORTAGE

La France se divise en deux catégories : ceux qui ont Internet et savent s’en servir, et les autres. C’est justement aux autres qu'Europe 1 s'est intéressé ce samedi dans Europe 1 va plus loin, cette France des oubliés d’Internet. Le problème des zones blanches, ces territoires où on ne capte pas de réseau, est toujours bien réel en 2018, plus de 25 ans après l’arrivée des portables.

"Des vrais problèmes". Direction Guédelon, dans l’Yonne, un château fort en construction où les outils du Moyen-Âge sont utilisés. Sarah Preston, une britannique qui travaille sur place, nous explique les problèmes que rencontrent les visiteurs. "Quand on arrive à Guédelon, si on n’a pas déjà téléchargé les billets qu’on a achetés sur la billetterie en ligne, on est embêté. Ce manque de réseau c’est un vrai frein à notre activité économique. Les gens sont vraiment plongés dans le 13ème siècle donc ça c’est top. Mais c’est clair qu’au 21ème siècle, mine de rien, ça nous pose des vrais problèmes", fait-elle savoir. 

Pour Guédelon, on parle tout de même de 300.000 touristes par an, sans compter la centaine de salariés, qui travaillent sur le chantier. Parmi elle, Aline, 34 ans, elle est tailleur de pierre. "On a des talkies-walkies pour la sécurité des ouvriers et la sécurité du public. Mais dans notre vie, le fait de pas avoir forcément de réseau ce n’est pas simple ! On peut vite se retrouver en galère", souligne-t-elle. "Et puis on paye comme tout le monde alors je ne vois pas pourquoi il n’y aurait pas de réseau", déplore Aline.

Entendu sur europe1 :
La box Internet c’est 512 kbit/s, c’est-à-dire presque rien

Dans les environs de Guédélon, il y a aussi des hôtels, des restaurants, ou encore le lac du Bourdon. Un joli petit plan d'eau autour duquel on peut louer un kayak, se restaurer ou encore se rendre à la ferme équestre tenue par Maryline Nageleisen. "On est dans une zone plus que blanche puisque vous n’avez ni fixe ni portable. La box Internet c’est 512 kbit/s, c’est-à-dire presque rien. Juste les mails", détaille-t-elle. "C’est un gros handicap pour la clientèle. Quand ils sont perdus autour du lac, ils ne peuvent pas chercher où se trouve notre centre de vacances. On a régulièrement des autocars qui ne trouvent pas le centre quand ils amènent des enfants en classe verte", décrit Maryline Nageleisen.

Au total, ce sont 500.000 Français qui n’avaient pas moyen d’accéder à Internet chez eux il y a encore un an, en 2017.

Quelles solutions ? Emmanuel Macron a fait une promesse : le très haut débit pour tous en 2022. Mais ce ne sera pas la même qualité ni le même prix partout.

Les antennes 4G sont en train d’être installées. Les maires peuvent en demander, en plus, pour des zones touristiques ou économiques, comme Guédelon. Pour l’Internet fixe, cela risque d'être moins simple. Les chanceux, deux foyers sur trois (22 millions de foyers), auront la fibre ou le câble. Les autres, ce sera soit par satellite (plus cher et une latence parfois trop contraignante), soit une connexion classique boostée (le VDSL), soit par des 4G boxs (un récepteur 4G qui diffuse du wifi dans la maison), soit par une boucle locale radio, une technologie que peuvent mettre en place les collectivités locales.

L'autre fracture numérique

Il y a aussi ceux qui sont isolés, car ils ne savent tout simplement pas utiliser Internet. Un état des lieux que l'on constate très bien aux permanences d'Emmaüs Connect. L'association donne des formations pour ceux qui ne savent pas manier l’informatique ou Internet. Aujourd’hui, toutes les démarches, ou presque, se font en ligne, et cela devient souvent obligatoire, comme pour les impôts par exemple. Sauf que 40% des Français ne savent pas le faire, selon Emmaüs connect, qui cherche d’ailleurs des bénévoles pour ces formations. 

Alors le gouvernement a lancé cet été des "pass numériques", qui peuvent être remis à toute personne en difficulté face à l’informatique. Concrètement il faut se rendre dans une Maison de services au public, il y en a aujourd’hui un peu plus de 1.200 en France, et ce pass donne droit à cinq ou dix ateliers de formation encadrés, de deux heures chacun.