Fabrice Arfi 1280 10:00
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M.Be , modifié à
Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart, estime sur Europe 1 que les présumés financements libyens de la campagne de Nicolas Sarkozy sont "plus graves que le Watergate". 
INTERVIEW

Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue depuis mardi matin dans l’enquête sur le présumé financement libyen de sa campagne électorale pour la présidentielle de 2007. Pour Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart, qui a révélé cette affaire tentaculaire depuis l’été 2011, ce placement en garde à vue de l’ex-président constitue une "suite logique". "Je mentirais si je disais qu’on est surpris par les événements et l’accélération judiciaire, qu’on peut qualifier de spectaculaire car il est placé en garde à vue, c’est-à-dire qu’il est mis en cause policièrement et privé de sa liberté de mouvement", a expliqué dans Europe Nuit Fabrice Arfi.

"L'affaire la plus grave de la Ve République". Alors que l’enquête judiciaire a débuté en avril 2013, le journaliste considère qu’il existe aujourd’hui suffisamment d’éléments à charge contre Nicolas Sarkozy : "Il y a des témoignages concordants et des éléments matériels, qui signalent une affaire que nous considérons comme probablement la plus grave de la Ve République." Fabrice Arfi va même plus loin dans ses propos : "Je pense que c’est plus grave même que le Watergate, car le Watergate c’est l’histoire d’un président et de son clan contre des opposants politiques et qui a la particularité d’avoir fait tomber le président, alors que en France ça ne se passe pas comme ça", regrette-il, en citant les "faibles moyens alloués à la lutte anticorruption" en France. "Depuis 2013, il n’y a pas un policier détaché à temps plein sur ce dossier", illustre-t-il.

"Corruption de la démocratie par une dictature". "Nous parlons du soupçon de la corruption de la démocratie par une dictature, celle du tyran Mouammar Kadhafi, dont on va faire semblant de découvrir en mars 2011 que c’était un dictateur", rappelle en outre Fabrice Arfi. "Aujourd’hui il est documenté dans le dossier judiciaire et dans nos enquêtes les différents jets de financements qui ont pu servir soit à de l’argent politique - c’est le financement électoral - mais aussi de l’argent privé - c’est notamment le cas avec l’achat de l’appartement de Claude Guéant", complète Fabrice Arfi. Le journaliste de Mediapart assure enfin que, quelque soit l’issue judiciaire de la garde à vue de Nicolas Sarkozy, "nous ne retirerons pas une virgule de ce que nous écrivons depuis 2011".

>>> Egalement invité de Village Médias sur Europe 1, Fabrice Arfi est revenu sur les révélations successives de Mediapart quant au financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy. Retrouvez son interview ci-dessous :