EXCLUSIF - Minute de silence après l'attentat d'Arras : «Moi aussi, je vais tuer des professeurs», le document qui recense les perturbations

Plus de 500 perturbations et contestations des minutes de silence ont été constatées en classe. 1:49
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Louise Sallé avec Gauthier Delomez / Crédits photo : Ronan Houssin / NurPhoto / NurPhoto via AFP , modifié à
Plus de 500 perturbations et contestations de la minute de silence lundi, en mémoire au professeur tué Dominique Bernard, ont été constatées dans les écoles, collèges et lycées. Europe 1 s'est procurée un tableau de bord officiel recensant les situations observées dans les établissements scolaires.

Des rires aux menaces de mort, en passant par des refus d'assister aux minutes de silence : plus de 500 perturbations et contestations à l'hommage rendu lundi à Dominique Bernard, le professeur tué lors de l'attaque terroriste d'Arras, ont pour le moment été répertoriées selon une source policière. Europe 1 s'est procurée un tableau de bord officiel recensant, département par département, les situations observées dans les écoles, collèges et lycées.

Les Hauts-de-France les plus concernés par les perturbations

Ce sont d'abord les Hauts-de-France qui sont les plus concernées par des cas de non-respect de la minute de silence. Dans le Pas-de-Calais, on dénombre 73 incidents, dans les collèges et lycées. Quant au département du Nord, 54 situations ont été remontées dont 16 font l'objet d'un signalement au procureur de la République.

Dans l'ensemble, il s'agit de légers troubles à l'hommage rendu dans les établissements. Dans ce tableau de bord, il est répertorié de nombreux cas de rires, de sourires, voire de provocations verbales avec la mention "Allah Akbar", des termes employés par l'assaillant d'Arras. On peut citer l'exemple d'un élève de 4e en Dordogne, qui a prononcé "Alluha Akbara" en cours d'espagnol tout en disant par la suite ne pas comprendre ce que cela signifiait. Des situations qui ont pu déboucher sur des réprimandes de l'équipe éducative ou encore des procédures disciplinaires.

"Il l'a cherché, il l'a mérité"

D'autres cas rapportés semblent poser davantage question. Dans un lycée de Saint-Quentin, un élève a mimé des tirs de kalachnikov après l'hommage et a donné l'impression qu'il était en accord avec l'attaque terroriste. Dans les Bouches-du-Rhône, des commentaires inquiétants ont retenu l'attention des équipes enseignantes. "J'espère que d'autres auront le courage de tuer d'autres professeurs", a déclaré un lycéen. "Le prof d'histoire a fait quelque chose, j'espère que plus tard je ferai quelque chose à un prof", a également lâché un collégien. "Il a eu raison de le tuer", a en outre lancé un jeune élève de CP.

Ailleurs, d'autres phrases ont été signalées. "C'est bien fait pour lui, il l'a cherché, c'est mérité", a avancé un lycéen en Gironde, ou encore "Moi aussi, je vais tuer des professeurs", a appuyé un collégien de la Meuse. Des jeunes élèves ont aussi minimisé ce qui était arrivé à l'enseignant. "C'est rien, c'est juste un prof qui s'est fait tuer, je m'en fous", ou bien "Je m'en fous du prof qui est mort, bien fait pour lui" font partie des scènes racontées dans ce tableau de bord consulté par Europe 1.

Des menaces de mort dans plusieurs départements

Des menaces contre les enseignants sont aussi notifiées dans ce document, notamment des menaces de mort. Des exemples sont cités en Hérault, en Isère, dans les Pyrénées-Orientales ou encore dans l'Yonne. Dans le Calvados, juste avant la minute de silence, un lycéen a dit à un professeur en le prévenant qu'il lui "ferait une Arras" si la date d'une évaluation était maintenue.

Parmi les perturbations, on retrouve également des élèves qui ont pris la défense de cet acte terroriste ou encore affiché leur soutien au Hamas, organisation terroriste palestinienne. Il est à noter enfin qu'en Corse du Sud, aucun incident n'a été observé dans trois établissements et pour cause, à l'appel du syndicat enseignant SNALC, les élèves ont été invités à rentrer chez eux car les professeurs fustigeaient le fait de n'avoir que deux heures pour discuter de ces événements. Une minute de silence devait être organisée ce jeudi, à l'occasion des obsèques de Dominique Bernard.