EXCLUSIF - Attaque d'une pizzeria en 2017 : "Il n'y a pas d'excuse, il a tué notre fille", témoigne la mère d'Angela

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Pierre de Cossette, édité par
La famille d'Angela, 13 ans, tuée par une voiture folle lancée sur la terrasse d'une pizzeria en Seine-et-Marne en août 2017, se bat pour que le caractère "délibéré" de l'acte du conducteur soit reconnu par la justice. 
TÉMOIGNAGE

Neuf mois après le drame, la douleur de la famille ne s'apaise pas. Le 14 août 2017, Betty, son époux et ses trois enfants dînaient en terrasse dans une pizzeria de Sept-Sorts, en Seine-et-Marne, lorsqu'une voiture folle a foncé sur l'établissement, blessant 13 personnes et tuant leur fille, Angela, âgée de 13 ans. Si la piste terroriste avait été rapidement écartée, les raisons du geste du conducteur restent floues. Les proches de l'adolescente, qui aurait eu 14 ans vendredi, se battent pour que la responsabilité pénale de l'auteur, pour l'instant confirmée par les experts psychiatres, ne soit pas remise en cause. Europe 1 a pu recueillir leur témoignage. 

"Je ne peux pas oublier ce visage satisfait". "On a entendu les grincements des pneus, je me suis retournée. J'ai vu ce véhicule foncer sur nous, je n'ai pas eu le temps de réagir", se souvient Betty, la maman, très émue. "J'ai juste senti le coup dans le dos et j'étais à terre. J'ai mis quelques secondes à reprendre mon souffle. J'ai regardé autour de moi et la première personne que j'ai vue c'était ma fille. Elle était juste à la droite de la voiture, sur le ventre. J'ai senti qu'elle était partie, je l'ai suppliée de revenir", poursuit-elle. "Je lui ai dit : 'Angela, ne nous laisse pas, reviens...'"

"On s'est dit qu'on était victimes d'un attentat", se remémore Betty. "Il avait le sourire aux lèvres ! Il était satisfait de ce qu'il avait accompli", raconte-t-elle à propos du conducteur, qui aurait évoqué un "trou noir" devant les enquêteurs, niant toute préméditation. "Ça me rend folle", s'emporte-t-elle. "Je ne peux pas oublier ce visage satisfait, c'est pas possible, ce sont des moyens de défense. Il n'y a pas d'excuse pour ce qu'il a fait, il a tué notre fille. Il a foncé délibérément dans un restaurant rempli d'enfants, de gens, à la veille d'un jour férié".

"On éprouve de la culpabilité". Aujourd'hui, la famille tente de continuer à vivre. Sasha, le père d'Angela, a été gravement blessé à la jambe. Il a déjà du être opéré à cinq reprises. Le petit frère de quatre ans, également grièvement touché, vient seulement de reprendre l'école en petite section. Dans quelques jours, le grand frère passera lui son bac. Il se rend régulièrement sur la tombe de sa sœur. "Je lui dis : 'qu'est-ce que tu fais là, ce n'est pas ta place !' Ce n'est pas à 13 ans qu'on se retrouve là", témoigne-t-il. 

"On éprouve de la culpabilité", ressasse Betty. "Parce que ce jour-là on avait passé la journée à faire un petit peu de nettoyage dans le jardin avec les enfants et pour les récompenser je les ai emmenés dans un restaurant... Et on se réveille le lendemain on se dit : 'c'est un cauchemar, ce n'est pas réel'. Tout le monde nous dit : 'il faut avancer vous avez des enfants'. Mais moi, personnellement, je n'ai plus de projet", souffle-t-elle. "Ma fille, à défaut de lui allumer ses bougies qu'elle ne pourra malheureusement pas souffler, j'ai demandé à ce qu'on lui allume un cierge à qui veut bien le faire. En mémoire d'Angela." Une messe sera dite à la Ferté-sous-Jouarre, où vit la famille, vendredi. 

"Le débat sur la préméditation ne se pose pas"

Le conducteur du véhicule "a loué une voiture quelques jours plus tôt, il a repéré les lieux, il a foncé délibérément sur une terrasse dont il savait - il l'a dit - qu'elle n'était pas protégée", énumère Me François Mazon, l'avocat de la famille, également interrogé par Europe 1. "Pour nous le débat sur la préméditation ne se pose pas. (...) Ses motivations restent un point mystérieux de ce dossier mais sa volonté de tuer est incontestable et sa responsabilité est entière."