Pour séduire de nouvelles recrues, certaines entreprises n'hésitent pas à supprimer la période d'essai. 1:23
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Margaux Fodéré , modifié à
Selon une étude menée par Solinki, en exclusivité pour Europe 1, 22% des offres publiées sur le site de ce cabinet de recrutement en 2023 ne comportent pas de période d'essai. Une proportion en hausse de 15 points par rapport à 2022. Une solution qui séduit de plus en plus les entreprises désireuses d'attirer les candidatures.

Les entreprises peinent à recruter en France ces derniers temps. Selon la Dares, 360.000 emplois étaient vacants dans l'Hexagone au 4e trimestre de l'année dernière. Pour attirer les candidats, de plus en plus d'entreprises décident alors de supprimer la période d'essai. C'est en tout cas ce que démontre une étude menée par Solini, un réseau de consultants indépendants en recrutement. En exclusivité pour Europe 1, le cabinet dévoile que 22% des offres publiées sur son site ne comportent pas de période d'essai, contre seulement 7% en 2022. Certaines entreprises fonctionnent déjà de la sorte depuis plusieurs années et valident la mesure. 

Ardoingt Albanel, à la tête d'une entreprise dans les services immobiliers, souligne à quel point il est important d'aller vite pour retenir les meilleurs profils. Pour ce faire, il leur propose parfois de supprimer la période d'essai. Une stratégie qui porte ses fruits. "Quand quelqu'un doit choisir entre deux ou trois offres d'emploi, c'est pour lui très rassurant. Il sent qu'on a envie de lui et que son talent est recherché. Et puis il se sent en confiance". 

Une politique efficace mais risquée

Cette mesure se veut également très efficace pour recruter dans des secteurs en tension, comme gestionnaire de copropriété ou comptable. Ces postes sont indispensables aux agences immobilières que dirige Joan Montesinos qui préfère donc supprimer la période d'essai plutôt qu'augmenter les salaires. "Je ne paierai jamais quelqu'un, parce qu'il vient de l'extérieur, au-delà de ce que sont déjà payées mes équipes à poste équivalent. C'est moi qui viens les chercher au bout du processus qui a mené à cette envie de travailler ensemble. Dans ce cas là je n'ai pas envie d'y mettre un hypothétique arrêt au travers d'une fin de période d'essai. 

Mais la stratégie peut aussi s'avérer risquer. "Ça a dû m'arriver une fois que ça ne se passe pas très bien. Pour autant, ce n'est pas parce que j'ai eu une mauvaise expérience avec cette politique là que je vais la changer", reprend Joan Montesinos qui n'hésite pas, dans neuf cas sur dix, à supprimer cette période d'essai aux candidats qu'il recrute.