Selon l'ingénieur Michel Virlogeux, l'entretien des ponts pose problème dans certaines petites communes. 3:17
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Antoine Cuny-Le Callet
La catastrophe du pont Morandi à Gênes en 2018 a profondément marqué les Italiens. En France, elle a fait prendre conscience de la nécessité d'entretenir ces ouvrages. Invité d'Europe 1 lundi, l'ingénieur Michel Virlogeux s'est voulu rassurant mais a néanmoins alerté sur la situation des petites communes. 
INTERVIEW

Il y a deux ans, le 14 août 2018, le pont Morandi de Gênes s’effondrait, tuant 43 personnes. L’Italie referme la blessure ce lundi en inaugurant un nouveau viaduc. En France, cette catastrophe avait conduit à une profonde remise en question concernant l'entretien des ponts. "La sécurité absolue n'existe pas", concède l'ingénieur Michel Virlogeux, concepteur d’ouvrages renommés comme le viaduc de Millau, invité d'Europe 1. S'il affirme que les normes en la matière sont plutôt strictes de ce côté des Alpes, il s’inquiète néanmoins du délaissement de certaines petites communes confrontées au manque de financement et de compétences.

"Nous avons en principe des règles d’inspection et d’entretien qui sont assez rigoureuses", affirme l'ingénieur. Il détaille un protocole impliquant un suivi annuel ainsi qu'une inspection plus détaillée tous les six ans pour l'ensemble des ponts sur le territoire. Mais selon lui, les situations peuvent grandement varier selon les maîtres d'ouvrage.

Des petites communes "perdues dans la nature"

La SNCF et les autoroutes concédées disposent, selon lui, des moyens nécessaires pour assurer un suivi optimal. A l'inverse, celui des ouvrages de l'Etat pâtit d'un manque d'argent. Enfin, la situation dans les collectivités locales est la plus inquiétante. "Là c’est extrêmement variable", s'exclame Michel Virlogeux, poursuivant : "Vous avez [des collectivités locales] qui sont extrêmement organisées, avec des services compétents et qui font appel à des bureaux d’études qualifiés, mais aussi les toutes petites communes qui sont perdues dans la nature." Le financement et le savoir-faire font défaut. "La disparition du ministère de l’Equipement est un désastre", déplore-t-il. "C’était le conseil naturel de toutes les petites collectivités locales."

Après l'effondrement du pont Morandi, un rapport du Sénat avait fait un constat alarmant. 25.000 ponts, soit 10% des ouvrages sur le territoire, seraient en mauvais état structurel, posant des problèmes de sécurité. Michel Virlogeux a néanmoins tenu à nuancer ces chiffres, estimant que si l'entretien pouvait faire défaut, il lui paraissait "excessif" de dire que 10% des mettent la sécurité en danger.