FRED DUFOUR / AFP 1:54
  • Copié
Thibaud Le Meneec , modifié à
Alors que le Parlement européen a voté jeudi l'instauration d'un congé parental de quatre mois par enfant, la France est à la traîne en la matière.
INTERVIEW

Les Européens passent-ils assez de temps auprès de leurs enfants après leur naissance ? Pour les inciter à rester plus longtemps à la maison (sans renoncer définitivement à leur travail), le Parlement européen a voté jeudi un congé parental d’au moins quatre mois, par parent et par enfant, qui serait rémunéré aux conditions des arrêts maladie. De plus, un congé paternité obligatoire de dix jours à la naissance de l'enfant a été décidé.

La France face à une baisse des congés parentaux

Actuellement, en France, la situation n'est pas vraiment brillante en la matière. "Il y a très peu de pères mais aussi très peu de mères" qui prennent aujourd'hui un congé parental, déplore Yvon Serieyx, spécialiste Conciliation vie familiale et vie professionnelle à l’UNAF (Union Nationale des Associations familiales). "Ce qu'on ignore, c'est qu'il y a dix ans, il y avait environ un quart des enfants qui étaient concernés par un congé parental. Aujourd'hui, il n'y en a plus que 14% et seulement 7% à temps plein."

D'où un constat assez sombre de l'expert : le congé parental est "un système de conciliation qui est en train de mourir en France. C'est un problème d'argent : globalement, c'est à peu près 400 euros par mois [396 euros, NDLR] pour un arrêt à temps plein." À titre de comparaison, en Suède, "c'est 78% du salaire avec un plafond de 4.000 euros par mois" : "C'est là où il y a le plus de mères qui travaillent et où les pères prennent le plus leur congé parental."

Forcer les pères à rester à la maison ?

Plus spécifiquement, la question du maintien en activité professionnelle des pères pose problème : "Il y a dix ans, environ 30.000 pères prenaient un congé parental long, aujourd'hui c'est moitié moins", raconte Yvon Serieyx. "On a régressé car on souhaitait obliger les familles à partager l'indemnité de congé parental mais comme elle ne fait que 400 euros, c'était fichu d'avance. On les a obligées à répartir le congé entre deux ans et un an, au lieu de trois ans au choix pour chaque parent. Maintenant, même les pères qui souhaitaient s'arrêter trois ans ne le peuvent plus."

Comment faire en sorte que les pères restent à la maison, alors que 63% des 18-24 ans se prononcent pour un congé paternité plus long ? Pour l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), qui a remis un rapport sur le sujet au gouvernement en septembre dernier, il faut obliger les pères à prendre leur congé paternel, aujourd'hui facultatif, de onze jours, plus trois après la naissance.