Maurice Genevoix, "qui a raconté la Grande Guerre si humainement", va entrer au Panthéon

Maurice Genevoix 1280 AFP
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Lionel Gougelot, édité par Anaïs Huet , modifié à
Maurice Genevoix, dont la vocation littéraire est née dans les tranchées de la Première guerre mondiale, a immortalisé la mémoire des poilus dans son récit "Ceux de 14". Emmanuel Macron a annoncé mardi son entrée au Panthéon.

Il est l'un des écrivains fétiches d'Emmanuel Macron, et il reposera bientôt auprès des Grands Hommes. Mardi, le président de la République s'est recueilli devant la statue de Maurice Genevoix, sur les lieux de la bataille des Eparges, dans la Meuse, dans le cadre de son "itinérance mémorielle", à l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale. Le chef de l'Etat a annoncé à cette occasion l'entrée au Panthéon de l'écrivain et de "ceux de 14" l'an prochain. 

Une vie marquée par la guerre. Ce grand écrivain du 20ème siècle, né en 1890 et mort en 1980, a combattu ici pendant plusieurs mois au début de la guerre de 14. Il a raconté ses douloureux souvenirs dans l'ouvrage intitulé Ceux de 14, un grand classique de la littérature publié en 1950.

Incorporé comme sous-lieutenant au 106e régiment d'infanterie, il participe à la bataille de la Marne et à la marche sur Verdun. Promu lieutenant, il vit le quotidien du fantassin, la boue, le sang, les orages d'acier, toute cette "farce démente", comme il le raconte. Le 25 avril 1915, il est grièvement blessé sur la côte des Eparges, un village surmonté d'une colline stratégique qui va engloutir 12.000 hommes en quatre mois. Hospitalisé pendant sept mois, le jeune homme de 24 ans commence à écrire à partir de notes consignées dans les tranchées.

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Le chagrin d'avoir perdu ses hommes. Si Maurice Genevoix a conservé toute sa vie un lien indéfectible avec le petit village d'Eparges, c'est sans doute par attachement à ses compagnons morts au combat. "Ces hommes, il les aimait. Beaucoup vont mourir, et il va se reprocher de ne pas leur avoir permis de survivre à ces combats. Toute sa vie, il gardera en mémoire ce qu'il a connu. Il est blessé au fond de lui-même. Il va d'ailleurs mettre des mois et des mois à se remettre de son chagrin d'avoir perdu tous ces hommes. Il est hanté par leurs visages, leurs mémoires, leurs vies, leurs sourires", explique Patricia Pierson, présidente de l'association de sauvegarde du patrimoine à Eparges.

"Je suis heureuse qu'on lui rende hommage, car je ne connais pas d'autres auteurs ayant vécu ce qu'il a vécu, et ayant raconté les combats de la Grande Guerre si humainement. À tel point que 100 ans plus tard, on est bouleversés parce qu'il a les mots qui nous touche, nous, encore", glisse la spécialiste au micro d'Europe 1.

"Son témoignage est universel". Mardi, lors de son allocution à Eparges, Emmanuel Macron a donc annoncé la panthéonisation de celui qui avait par ailleurs obtenu le Prix Goncourt pour son roman Raboliot, en 1925, avant de devenir secrétaire perpétuel de l'Académie française pendant plus de quinze ans, de 1958 à 1973.  "C'est une formidable reconnaissance du talent littéraire de Maurice Genevoix", s'est déjà réjoui son petit-fils Julien Genevoix. "Son témoignage est universel. Quand on parle de Ceux de 14, on sent véritablement l'émotion des gens. Ce livre, c'est l'histoire de toutes les familles de France, car tout le monde a un ancêtre qui a servi pendant la Première Guerre mondiale".

"Je souhaite que l'an prochain, ceux de 14, simples soldats, officiers, engagés, appelés, militaires de carrière, sans grade et généraux, mais aussi les femmes engagées auprès des combattants, car ceux de 14 ce fut aussi celles de 14, toute cette armée qui était un peuple, tout ce grand peuple qui devint une armée victorieuse, soit honoré au Panthéon", a déclaré le chef de l'État, avant d'ajouter : "Je souhaite qu'ils franchissent ce seuil sacré avec Maurice Genevoix, leur porte-étendard".