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Aurélien Fleurot / Crédit photo : Stephane Rouppert / NurPhoto / NurPhoto via AFP , modifié à
Trois jours après la mort de Nahel, les grandes villes font face à une troisième nuit de violences consécutive. Paris et l'Île-de-France ont été particulièrement touchés. Du côté de Montreuil, à l'est de la capitale, toute une rue commerçante a été caillassée et pillée. Europe 1 s'est rendue sur place.

La situation a été très tendue dans la nuit de jeudi à vendredi à Paris, et dans de nombreuses communes d'Île-de-France, pour la troisième nuit consécutive. Des émeutes liées à la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier mardi après un refus d'obtempérer. À Montreuil, près de Paris, toute une rue commerçante a été caillassée et pillée.

Jeudi soir, la mairie a d'abord été le théâtre de très nombreux tirs de mortiers d'artifice à partir de 23 heures. Puis vers minuit, la violence s'est dirigée vers tous les commerces, pharmacies, magasins de vêtements, de téléphonie ou encore fastfoods dont les vitrines ont été partiellement ou totalement détruites.

"Il n'y a rien qui les arrête"

Une rue barricadée, des commerces où les vitrines brisées sont peu à peu remplacées par de grands panneaux en bois, et tout en bas, une boutique encore ouverte. Un pressing dont la devanture, fissurée, a résisté. Mais Éric, son gérant, ne se fait pas beaucoup d'illusions. "Là, on craint fortement encore pour cette nuit. On va essayer de protéger, mais ça ne va pas servir à grand-chose. On a un rideau métallique qui va servir un petit peu. L'Assurance nous a dit 'ok, allez y, mettez le local en sécurité'. Il y a les alarmes et tout, mais après ça ne sert à rien. Malheureusement, il y a une telle rage, une telle volonté de destruction qu'il n'y a rien qui les arrête. On a prévenu tous les clients pour qu'ils viennent récupérer au maximum leurs vêtements parce qu'on ne sait pas ce qui va se passer", déplore-t-il.

Le devis est près de 1. 400 € pour quatre panneaux de protection. Les clients se succèdent pour récupérer ce qu'ils avaient laissé au pressing. Un peu plus loin, des parents ont beaucoup de mal à accéder à la crèche où ils avaient déposé leur enfant ce matin, avant l'arrivée des barricades.

"Ce n'est pas pour Nahel"

Monique, qui travaille dans une boulangerie, a constaté les dégâts ce vendredi matin en arrivant après une nuit où elle a très peu dormi puisqu'elle habite à quelques centaines de mètres. "Ils étaient plus de 200 et j'étais en live en train de regarder la mairie en train de brûler. C'est dramatique ce qui s'est passé, c'est horrible. Moi, j'en ai vomi", affirme-t-elle.

"Quand je suis arrivée à 8 heures, que j'ai vu l'état de la mairie, ce n'est pas pour Nahel. Je comprends la peine mais tout le monde est au chômage technique, on ne peut pas travailler. Il ne reste plus rien de toute façon, nous, on n'a plus de caisse, on n'a plus rien. On peut juste constater la désolation", regrette Monique.

Désolation et incompréhension des commerçants et des habitants qui découvrent les stigmates des violences de la nuit et craignent que cela recommence ce vendredi soir. "Ils n'ont pas réussi à entrer dans Carrefour et ils se sont donnés rendez-vous ici à minuit", confiait avec inquiétude à Europe 1 une habitante qui a suivi elle aussi les violences en direct sur son téléphone.