Éducation : après la bronca, Amélie Oudéa-Castéra veut rassurer les enseignants du public

Amélie Oudéa-Castéra
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avec AFP / Crédit photo : XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
À peine nommée ministre de l'Éducation, Amélie Oudéa-Castéra a relancé le débat, vendredi dernier, entre les écoles publiques et privées. Ce samedi, elle assure regretter d'avoir "pu blesser certains enseignants de l'enseignement public" et assure qu'elle sera "toujours aux côtés" de "l'école publique et de ses professeurs". 

Face à la bronca née de ses explications sur la scolarisation dans le privé de ses enfants, la nouvelle ministre de l'Education, Amélie Oudéa-Castéra, a tenté samedi de rassurer les enseignants du public en leur promettant qu'elle serait "toujours à leur côté". "Mes propos ont pu blesser certains enseignants de l'enseignement public, ce que je regrette", écrit-elle dans une déclaration écrite transmise samedi à l'AFP, pour déminer la première polémique de l'ère Gabriel Attal, rattrapé par l'école, une "cause" qu'il a emmenée avec lui à Matignon.

A peine nommée, la ministre de l'Education a attisé vendredi la colère généralisée des syndicats enseignants en justifiant sa décision de transférer ses enfants vers le privé par sa "frustration" devant les "paquets d'heures qui n'étaient pas sérieusement remplacées" dans le public. Des propos tenus lors de son premier déplacement, aux côtés de Gabriel Attal, son prédécesseur. Confiant en avoir "eu marre, comme des centaines de milliers de familles", celle qu'on surnomme "AOC" a confirmé, comme évoqué par Mediapart, avoir opté pour le collège-lycée Stanislas, un prestigieux établissement privé catholique proche de chez elle, à Paris. Cet établissement fait l'objet d'une investigation lancée début 2023 par l'Inspection générale après des accusations de dérives homophobes et sexistes relayées dans la presse.

"Propos lunaires"

Le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire déjà crispé par le fait que la ministre ait aussi en charge les Sports, et donc la sensible préparation des Jeux olympiques de Paris, a aussitôt dénoncé des "propos lunaires et provocateurs, contre le service public d'éducation". Le Fnec-FP-FO a dénoncé un "mépris insupportable" et appelé à une grève et à "manifester sous les fenêtres" du ministère le 25 janvier. "C'est une forme de séparatisme social qui est consacrée", a aussi regretté sur Franceinfo le député socialiste Jérôme Guedj, estimant que "la promesse de Gabriel Attal d'avoir (...) un prof devant chaque classe n'a pas été tenue".

En déplacement au CHU de Dijon, Gabriel Attal a dénoncé "beaucoup d'hypocrisie" sur le sujet. "La ministre s'est exprimée en transparence sur les choix qui ont été les siens (...). Il suffit d'échanger avec des Français, avec des parents d'élèves, pour mesurer que cette question-là est un enjeu important", a souligné celui qui dit avoir pris "à bras-le-corps" ce sujet, par exemple "en demandant que les formations des enseignants aient maintenant lieu en dehors du temps de classe".

"L'année scolaire dernière, 15 millions d'heures n'étaient pas remplacées. C'est autant de pertes de chances pour notre jeunesse et son éducation", souligne Amélie Oudéa-Castéra dans sa déclaration. "Ce problème, nous en avons fait un combat. En passant déjà de 5 à 15% d'absences remplacées", écrit-elle. L'exécutif a "répondu" aux difficultés de suppléer les professeurs absents, notamment en revalorisant la rémunération des heures de remplacement, a renchéri sur France 2 la porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot.

"Lassitude"

Promis par le président Emmanuel Macron lors de sa campagne, le "pacte enseignant" prévoit des hausses de rémunérations conditionnées à de nouvelles missions, dont des remplacements de courte durée. Gabriel Attal a indiqué cette semaine que près de 30% des enseignants l'avait signé. Guislaine David, la porte-parole du SNUipp-FSU (principal syndicat du primaire), voit toutefois dans la défense gouvernementale une tentative de "noyer le poisson".

Les remplacements au primaire, situation qui concernait Amélie Oudéa-Castéra, ne se font en effet pas grâce à des heures supplémentaires d'autres professeurs, comme au collège ou au lycée, mais par le recours à des remplaçants, dont certains postes "ont été supprimés", rappelle-t-elle à l'AFP. "A Paris, la semaine avant Noël, 200 classes n'étaient pas remplacées", selon elle. "C'est un sujet sur lequel le gouvernement ne nous a jamais répondu", regrette-t-elle, alors que son syndicat doit être reçu lundi par la ministre: "Ça va être sportif!", pronostique-t-elle.

Laurent Zameczkowski, porte-parole de la Peep, fédération des parents d'élèves de l'enseignement public, admet auprès de l'AFP que de nombreux parents font le même choix que la ministre par "lassitude" face aux défauts de remplacements. "Mais elle n'est plus une parent d'élèves lambda. C'est à elle de faire en sorte que des parents n'aient plus envie de mettre leurs enfants dans le privé pour ce motif", selon lui.