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L'aéronaute suisse Bertrand Piccard estime jeudi sur Europe 1 que "le marché industriel du siècle" consiste à "faire de l'argent tout en remplaçant les vieux systèmes polluants". 
INTERVIEW

Bertrand Piccard a fait le tour du monde en avion sans une goutte de kérosène, lors de la mission Solar Impulse en 2016. Et il s'est forgé une conviction : la transition écologique ne doit pas se faire sur le dos des populations. Le pilote est revenu jeudi sur Europe 1 sur l’origine de la crise des "gilets jaunes", dans le Grand journal du soir qui se tenait exceptionnellement à bord d’une voiture autonome, sur le circuit des 24H du Mans à l’occasion des Assises de l’automobile.

"Ce n’était pas une révolte contre la taxe carbone, mais contre le fait qu’on faisait payer un maximum de gens avec un minimum d’impact positif. Augmenter le prix du carburant, ce n’est pas ça qui va sauver la planète. Il faut un maximum d’impact avec un minimum de gens qui trinquent", explique Bertrand Piccard au micro de Matthieu Belliard.

>> De 17h à 20h, c’est le grand journal du soir avec Matthieu Belliard sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

"Je pense que tous ceux qui manifestent contre l’augmentation du prix de l’essence auraient été d’accord avec cette augmentation, mais après avoir taxé le kérosène des avions, après avoir interdit les carburants lourds et les polluants des bateaux, après avoir isolé les bâtiments, etc… A un moment, on peut demander à la population de faire sa part mais il y a tellement de choses qu’on peut faire avant", poursuit l’explorateur et médecin suisse.

Pour une révolution industrielle propre

Bertrand Piccard s’est d’ailleurs donné pour mission de labelliser 1.000 solutions environnementales, économiquement rentables et immédiatement applicables. Son message est clair : on peut sauver la planète tout en continuant à se développer. Et il va jusqu’à prôner une révolution industrielle propre : "Le dilemme aujourd’hui n’est pas entre décroissance et croissance quantitative, les deux sont impossibles car la décroissance va détruire l’économie et la croissance quantitative va détruire la planète. Il faut passer à la croissance qualitative, c’est-à-dire faire de l’argent et créer des emplois tout en remplaçant les vieux systèmes polluants par des systèmes propres", développe-t-il, en citant pêle-mêle l’isolation des bâtiments, les ampoules LED, les énergies renouvelables, ou encore la mobilité électrique.

"C’est le marché industriel du siècle ! Ce sont des milliards et des milliards pour la croissance. Mais il n’y a pas plus de tout, il y a simplement mieux et plus propres dans tous les domaines. Donc on protège l’environnement en gagnant de l’argent", résume le président de Solar Impulse, qui estime que tout ceci est déjà accessible aujourd’hui. "Ça ne sert à rien de parler de demain. Aujourd’hui, rien qu’avec les technologies existantes, on peut faire tellement mieux que ce qu’on fait déjà." Mais pour cela, Bertrand Piccard en appelle désormais "au bon sens des gouvernements".