"Dropped" : la mère d'une victime dénonce les fautes de la société de production

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Salomé Legrand, édité par A.H. , modifié à
Bénédicte Mei a perdu sa fille, journaliste pour la boîte de production ALP, lors du crash des l'hélicoptères sur le tournage du jeu "Dropped". Sur Europe 1, elle a listé les graves manquements d'ALP.
TÉMOIGNAGE

Le 9 mars 2015, les mondes de la télévision et du sport étaient touchés par un drame sans précédent. Dix personnes avaient trouvé la mort dans un accident d'hélicoptère, lors du tournage en Argentine du jeu d'aventures de TF1 Dropped - qui n'a jamais été diffusé ensuite. Parmi les victimes se trouvaient la championne de natation Camille Muffat, le boxeur Alexis Vastine, ou encore la navigatrice Florence Arthaud.

Une manœuvre "interdite au cinéma". Lucie Mei Dalby, 37 ans, mère de deux enfants, journaliste pour la boîte de production ALP, est elle aussi morte dans l'accident. Sa famille a rendez-vous vendredi matin devant le tribunal des Affaires de la Sécurité sociale (Tass). Elle espère faire reconnaître la faute inexcusable de l'employeur. "Pour faire les plans qu'ALP souhaitait avoir pour le jeu, il fallait filmer à l'intérieur de l'autre hélicoptère. Donc il fallait s'approcher. Or, au cinéma, c'est rigoureusement interdit. On zoome, et à 150 mètres, on peut donner l'impression qu'on est collés. Pourquoi ils n'ont pas fait ça ? Pour une stricte histoire d'argent", avance Bénédicte Mei, la mère de la journaliste, au micro d'Europe 1.

Entendu sur europe1 :
Le vol n'a pas été suffisamment et précisément décrit. Ils ont fait un petit schéma ridicule, ce n'est pas sérieux !

Des pilotes peu ou pas préparés ? "Ils ont dit qu'il s'agissait de très bons pilotes. On leur a répondu 'Prouvez-nous qu'il avait fait une formation pour ce type de vol'. Ils nous ont dit que non. Ils ne savent même pas s'ils étaient capables de faire ça", dénonce-t-elle. Bénédicte Mei met également en cause la préparation du vol en lui-même. "Le vol n'a pas été suffisamment et précisément décrit. Ils ont fait un petit schéma ridicule, ce n'est pas sérieux ! Ce qui est quand même grave, c'est que ça fait dix morts !"

De graves défauts de sécurité. La mère de Lucie Mei s'affole aussi des conditions de sécurité mises en place lors du tournage : "Le plus dingue de tout, c'est qu'il n'y avait rien de prévu pour les secours. Or, leur travail en tant qu'employeur, c'est évidemment de prévoir ce genre de choses. On ne peut pas, pour un jeu, une émission de divertissement, accepter quelque chose comme ça". 

Les familles des quatre autres journalistes et cameraman salariés d'ALP ont eux aussi rendez-vous devant les tribunaux des Affaires sociales dans les prochains mois. Les trois célébrités, qui n'avaient pas les mêmes contrats, auront quant à eux rendez-vous au tribunal de grande instance.

 

La justice examine la demande d'indemnités

La famille de la journaliste décédée a réclamé devant le tribunal des affaires de sécurité sociale (Tass) de Paris près de 400.000 euros d'indemnités à son ancien employeur, ALP productions. Une décision est attendue le 23 janvier : le tribunal devra dire s'il se prononce sur l'affaire sans attendre l'issue de l'enquête pénale, toujours en cours, et, dans cette affirmative, s'il existe ou non une "faute inexcusable" de l'employeur.