Drame de Millas : trois familles endeuillées vont se constituer parties civiles mardi

L'enquête a été confiée à deux magistrats instructeurs du pôle accidents collectifs de Marseille.
L'enquête a été confiée à deux magistrats instructeurs du pôle accidents collectifs de Marseille. © RAYMOND ROIG / AFP
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avec AFP , modifié à
"Pour avoir accès au dossier et éventuellement demander des investigations complémentaires", trois des six familles endeuillés par la collision vont se constituer parties civiles, mardi à Marseille.

Trois des six familles endeuillées après la collision la semaine dernière entre un car scolaire et un train à Millas, dans les Pyrénées-Orientales, vont se constituer parties civiles, mardi, à Marseille, a-t-on appris auprès de leur avocate, Jehanne Collard, spécialisée dans la défense des victimes de la route.

Pour "éventuellement demander des investigations complémentaires". "On va se constituer parties civiles, mardi matin, à Marseille, pour avoir accès au dossier et éventuellement demander des investigations complémentaires", a déclaré Me Jehanne Collard, interrogée par l'AFP. "Par exemple, si c'est vraiment la conductrice du car (qui est responsable du drame NDLR) - je mets ça au conditionnel - et qu'elle était vraiment sous l'empire d'antidépresseurs, d'anxiolytiques, je pense que le patron de sa boîte porte une responsabilité. Je pense qu'il faut creuser ça", a dit l'avocate.

"Mais peut-être que le juge lui-même va le faire", a poursuivi Me Jehanne Collard. "Il faut voir exactement ce qu'il y a dans le dossier et éventuellement si le juge ne le fait pas, demander des investigations complémentaires. Mais je pense que les juges sont des juges spécialisés. Je suis persuadée qu'ils feront leur boulot correctement".

Que les familles sachent "pourquoi leur enfant est mort". L'enquête sur la collision sur un passage à niveau qui a fait, le 14 décembre, six morts et plusieurs blessés, a été confiée à deux magistrats instructeurs du pôle accidents collectifs de Marseille. Pour certains blessés, le pronostic vital est engagé. Il faut "que les responsabilités soient établies et que (les familles) sachent pourquoi leur enfant est mort", a souligné l'avocate.

Ses clients sont "désespérés" et "s'interrogent parce que la conductrice du car a été mise en examen", pour homicides et blessures involontaires par imprudence, a ajouté l'avocate. "Ce qui veut dire qu'il y aurait contre elle des indices graves tendant à laisser penser qu'elle est passée alors que la barrière (du passage à niveau NDLR) était fermée ou qu'elle était sous l'emprise de médicaments". "Alors si tout cela est vrai, que fait-elle en liberté ? À l'heure où nous parlons, il y a quand même un nombre d'enfants morts important. Et cela, ils ne comprennent pas", a-t-elle dit.

Sentiment d'abandon. Les trois familles ont "le sentiment d'avoir été abandonnées" lors du drame, a encore révélé Me Collard. Car "il n'y a pas eu de prise en charge. On les a laissées des heures entières dans une salle sans leur expliquer quoi que ce soit". "C'est vrai qu'il y avait des problèmes d'identification (des victimes), a-t-elle noté. Mais on pouvait au moins leur expliquer pourquoi ils étaient là, parqués, leur dire 'voilà, on essaie pour l'instant d'identifier, il y a des enfants qui vont très mal'. Les préparer quoi", a-elle déploré, citant l'exemple d'une de ses clientes, à qui la mort de son enfant venait d'être annoncée, mais dont le corps était à Montpellier. Après plusieurs heures d'attente, "elle est partie à Montpellier et personne ne l'a accompagnée".

Les familles "veulent écrire à Brigitte Macron et à la déléguée interministérielle à l'aide aux victimes pour "éventuellement faire des propositions concrètes" afin que dans l'avenir "les choses ne se passent pas de cette manière-là". Interrogée sur le père d'un enfant décédé qui a demandé sur BFM des excuses de la part du préfet des Pyrénées-Orientales, Me Collard a répondu : "Ils ont raison", le "dysfonctionnement" sur la prise en charge des victimes, "c'est la préfecture". "Le préfet a été complètement inopérant et inefficace".

La barrière du passage à niveau au cœur de l'enquête. La conductrice, elle-même blessée dans l'accident et placée sous contrôle judiciaire, soutient que la barrière du passage à niveau était levée quand elle s'est engagée sur les voies de chemin de fer. Mais des "constatations matérielles" et des témoignages contredisent cette version.