Don de sperme : pour un donneur, la levée de l'anonymat est une question d'"humanité"

Pour le professeur Wolf, lever l'anonymat du donneur donnerait un effet contraire à celui recherché. (Illustration)
Pour le professeur Wolf, lever l'anonymat du donneur donnerait un effet contraire à celui recherché. (Illustration) © AFP
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Maud Descamps, édité par O.G , modifié à
Alors que les États généraux de la bioéthique se poursuivent, le débat sur le "droit aux origines" et l'anonymat des donneurs de gamètes n'en finit pas.

Depuis un mois, les États généraux de la bioéthique suivent leurs cours avec cette question, de plus en plus présente : faut-il autoriser la levée de l'anonymat des donneurs de sperme ? Le débat est à nouveau sur la table depuis qu’un jeune homme, issu d’un don de gamètes, a réussi à retrouver son géniteur en faisant un test ADN. Sur Europe 1, il décrivait le processus qui lui a permis de connaitre l’identité de leur donneur.

Culture du secret et révélations brutales. Mais pour le professeur Jean-Philippe Wolf, qui dirige le centre d'études et de conservation des œufs et du sperme (Cecos) de l'hôpital Cochin à Paris, cela ne ferait qu’augmenter la culture du secret. "Ce que je crains, c'est ce qu'il se passe en Angleterre, en Suède, si l'enfant le veut, à 18 ans, il peut demander à rencontrer son géniteur", explique-t-il. "Il y a eu en Suède deux conséquences très directes : les gens sont allés chercher du sperme de donneur au Danemark pour éviter de s'inscrire sur un registre suédois. Et en Suède, où les parents disent généralement la vérité à leurs enfants, le secret a augmenté", regrette-t-il. "Les gens cachent la vérité et cela expose à des révélations brutales". 

"C'est leur droit de pouvoir accéder à leurs origines biologiques". Lever l'anonymat n'est pas sans risques car y mettre fin pourrait dissuader certains donneurs. Un argument qui n’est pas recevable pour Joseph. Lui a été donneur dans les années 80 et a fait le choix de ne pas cacher son identité pour pouvoir être retrouvé, s'ils le souhaitent, par les enfants nés de ses gamètes. "Je suis disposé à répondre leurs questions", lâche-t-il. "Je ne veux surtout pas m'immiscer dans leur vie, je ne souhaite pas non plus qu'ils prennent une place trop importance dans la mienne", poursuit Joseph.

Pour lui, il est avant tout question de "respect réciproque" et "d'humanité". "Toute ma famille est au courant, ils comprennent qu'il s'agit d'un problème humain et d'y répondre". "Quand les enfants nés de dons de sperme deviennent adultes c'est leur droit de pouvoir accéder à leurs origines biologiques, à condition bien sûr que le donneur soit d'accord'.