Face à une pénurie généralisée de médecins, l'association UFC-Que Choisir avance plusieurs pistes d'amélioration. 7:15
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Juline Garnier
Alors que le rapport choc de l'association UFC-Que Choisir sur la désertification médicale, publié la semaine dernière, avait révélé l'ampleur du manque de professionnels de santé partout sur le territoire, Maria Roubtsova, à l'origine de l'étude, est revenue au micro d'Europe 1 sur les solutions envisagées par l'association.

Médecins généralistes, gynécologues, ophtalmos, pédiatres… L'ampleur de la désertification médicale a affolé l'opinion publique mardi dernier suite à la publication d'une étude réalisée par UFC-Que Choisir. On y apprend notamment qu'un quart des femmes et un quart des enfants sont dans un désert médical, gynécologique ou pédiatrique. L'accès à un médecin généraliste est aussi très compliqué, et ce pour plus de 15 millions de Français, dit l'association. Pour mener cette étude, L'UFC-Que Choisir a croisé deux critères : l'éloignement géographique des médecins, accessibles à moins de 45 minutes de route, et les tarifs pratiqués.

Un indicateur d'accessibilité

"Et comme ça, on a pu calculer pour toutes les communes de France un indicateur d'accessibilité, c'est-à-dire combien il y a de médecins présents dans la zone par rapport au nombre de patients potentiels présents. Et ça nous a permis de classer toutes les communes de France en fonction de leur accessibilité aux consultations", complète Maria Roubtsova, chargée de mission santé à l'association UFC-Que Choisir et interrogée au micro d'Europe 1. Le résultat, très préoccupant, a permis de pointer du doigt les paramètres responsables de ces déserts et comment y remédier.

La liberté d'installation des libéraux en question

Et en tête de liste se retrouve la raison pointée du doigt depuis des années : la mauvaise répartition des médecins libéraux. Les zones rurales n'attirent pas les médecins, qui ont le droit de s'installer où ils le souhaitent. Un plan voté par le Sénat ce jeudi prévoit d'ailleurs d'imposer aux jeunes médecins un an de stage en désert médical. Mais selon la spécialiste de l'association, c'est loin d'être suffisant. "On craint que ce soit un moyen de ne pas revenir sur la liberté d'installation, c'est-à-dire faire porter la responsabilité aux jeunes médecins, donc ceux en dernière année d'étude, pour conserver un statu quo", explique-t-elle. "Il est préférable d'encourager des installations définitives là où elles sont nécessaires en termes de suivi des patients, pour éviter un fort turn-over", ajoute Maria Roubtsova.

Appliquer aux médecins les seuils pratiqués pour les infirmières

Pour pallier le problème il faut donc chercher une solution ailleurs. UFC-Que Choisir propose par exemple de mettre en place un "conventionnement territorial des médecins". Concrètement, il s'agirait de généraliser aux médecins ce qui est déjà pratiqué pour la régulation de l'installation des infirmières, avec des zones de priorités établies par le ministère de la Santé. Enfin, sur l'aspect de l'accessibilité financière des soins, la spécialiste propose que les dépassements d'honoraires soient plafonnés au maximum à 100% du tarif de la sécurité sociale. "Ce serait déjà pas mal parce qu'il y a des villes où, aujourd'hui, la consultation pour certaines spécialités est à trois fois le tarif de base de la Sécurité sociale", conclut-elle.