Mulhouse désert 1:41
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Tatiana Geiselmann, édité par Loane Nader // crédit photo : VERONIQUE DE VIGUERIE / GETTY IMAGES EUROPE / GETTY IMAGES VIA AFP , modifié à
Le phénomène des déserts médicaux est notoire dans les campagnes françaises, mais désormais même les grandes villes ne sont plus épargnées. C'est le cas de Mulhouse et du quartier de Bourtzwiller, qui vient de perdre trois de ses médecins généralistes, partis à la retraite.

En dix ans, le nombre de généralistes a baissé de 10%, ce qui représente une perte de plus de 10.000 médecins. Cela explique pourquoi ce ne sont plus seulement les campagnes, mais aussi les grandes villes qui sont touchées par les déserts médicaux. C'est le cas du quartier de Bourtzwiller à Mulhouse, où trois médecins généralistes posent leur stéthoscope pour partir à la retraite. Inaugurée en grande pompe au milieu des HLM il y a cinq ans, la maison de santé de ce quartier affiche désormais portes closes.

Le standard téléphonique, lui, répète inlassablement le même message : "Consultations médicales ne seront plus assurées en raison de la cessation d'activité des trois médecins." Ces derniers n'ont pas réussi à trouver de remplaçants, laissant plus de 5.000 patients sans généraliste. Jacqueline, patiente de l'un d'eux, a 79 ans et souffre de diabète. "Ça nous inquiète de ne pas avoir le médecin. Moi, j'ai des reins qui ne fonctionnent plus correctement, mais il n'y a aucun médecin qui veut venir", regrette la vielle dame. Seules les infirmières continuent de lui rendre visite.

"On a l'impression de mettre des pansements sur une hémorragie"

Elles sont une dizaine à officier dans ce quartier prioritaire de Mulhouse, où près de la moitié des habitants vit sous le seuil de pauvreté. Mais sans médecins à leurs côtés, elles ne pourront pas assurer éternellement le suivi des patients, s'inquiète Patricia Mastroianni, l'une d'entre elles. "Les médecins, en partant, nous ont laissé des ordonnances pour plusieurs mois, donc ça nous permet de tenir encore six mois. Mais si entretemps, il y a un problème", le seul recours sera l'hôpital, pourtant déjà surchargé, explique-t-elle.

Alors, comme le résume sa collègue Céline Borer, actuellement, on a l'impression de mettre des pansements sur une hémorragie. Une hémorragie qui risque de s'aggraver dans les prochaines années puisqu'à Mulhouse, plus de la moitié des médecins a plus de 55 ans.