Covid-19 : pourquoi la hausse du nombre de cas est plus forte que celle des hospitalisations

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Tiffany Fillon , modifié à

Depuis plusieurs semaines, la France connaît un rebond de l'épidémie de coronavirus, marqué par une hausse continue des contaminations. Pourtant, en parallèle, le nombre d'hospitalisations évolue à un rythme différent. Comment expliquer ce constat ? Réponse avec Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur, invité lundi au micro de Patrick Cohen sur Europe 1. 

En France, le nombre de contaminations au Covid-19 est en forte hausse depuis plusieurs semaines. Le bilan des autorités publié dimanche fait état de près de 5.000 nouveaux cas quotidiens tandis qu'une semaine plus tôt, plus de 3.000 nouvelles personnes ont contracté la maladie en 24 heures. Si les autorités observent une forte hausse du nombre de cas, la croissance du nombre des hospitalisations est plus faible. Invité sur Europe 1 lundi au micro de Patrick Cohen, Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'institut Pasteur et membre du Conseil scientifique sur le Covid-19, a expliqué pourquoi ces deux indicateurs évoluaient à deux rythmes différents. 

Les plus âgés plus vulnérables au risque d'hospitalisation

Selon le médecin, cette "augmentation régulière" du nombre de contaminations s'observe depuis "la mi-juin". Elle s'ajoute à une augmentation du nombre de personnes hospitalisées mais Arnaud Fontanet reconnaît qu'elle est "plus faible". "Elle est de l'ordre de 15% par semaine alors que pour le nombre de cas, on est à +30% par semaine", affirme-t-il. 

Comment interpréter ces chiffres ? Pour Arnaud Fontanet, ce différentiel s'explique notamment par une évolution du profil des nouvelles personnes infectées. "Ce que [ces chiffres] laissent entendre c'est que vraisemblablement les personnes qui s'infectent aujourd'hui sont plutôt des personnes jeunes", estime l'épidémiologiste. "Or, on sait que les complications surviennent chez les personnes plus âgées", poursuit-il. En effet, entre les "plus de 50 ans et les moins de 50 ans, il y a vraiment une différence très importante, dans le risque d'être hospitalisé ou de faire des complications graves", d'après Arnaud Fontanet.  

Cet écart en fonction de l'âge montre, selon le médecin, que "les personnes plus âgées et celles qui ont des comorbidités [...] se protègent probablement assez bien". 

Une situation qui risque d'empirer 

Même si ces constats semblent rassurants, Arnaud Fontanet reste sur ses gardes. "Au rythme où les choses avancent aujourd'hui, je pense que l'on aura à un moment ou un autre une augmentation des hospitalisations qui arrivera", prévient-il. Car les services qui réalisent "le dépistage, traçage des cas contacts et les isolements ne vont plus arriver à suivre à un certain moment parce que l'on verra trop d'infections tous les jours en France", avance l'épidémiologiste. 

Cette saturation des structures de santé conduira alors à une hausse des hospitalisations. "Le système va continuer à s'emballer et inévitablement, on arrivera à toucher des personnes qui sont elles plus à risque de développer des formes graves", soulève le médecin. 

Pour Arnaud Fontanet, le virus risque également de progresser fortement à l'approche de l'hiver. "La période estivale est plutôt une bonne période parce que les gens vivent dehors et effectivement, c'est plutôt en milieu confiné qu'ont lieu les transmissions", précise le spécialiste. Il prend par exemple la situation dans l'hémisphère sud où c'est l'hiver. L'épidémie a ainsi "redémarré dès que les températures sont descendues en dessous de 10 degrés".

>> L'interview d'Arnaud Fontanet est à retrouver dans son intégralité par ici :