Pourquoi "on se dirige vers un confinement plus strict" si le variant anglais circule

D'autres pays européens, comme l'Angleterre, ont décrété un nouveau confinement.
D'autres pays européens, comme l'Angleterre, ont décrété un nouveau confinement. © LUCAS BARIOULET / AFP
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Léa Leostic
Le variant anglais du Covid-19 continue de faire des ravages, à tel point que l’OMS demande à l’Europe de faire plus pour limiter sa propagation. Pour l’épidémiologiste Anne-Claude Crémieux, les mesures de freinage prises précédemment ne vont pas suffire pour freiner ce variant plus contagieux.
ANALYSE

Selon de récentes études, le variant britannique du Covid-19 serait à 56% plus contagieux que le Sars-CoV2 que nous connaissons depuis bientôt un an, et c’est ce qui inquiète l’Europe. Au Royaume-Uni, un troisième confinement est entré en vigueur lundi et à Londres, la situation devient critique dans les hôpitaux. De son côté, l’OMS affirme que la situation est "alarmante" et demande à l’Europe d’en faire plus pour limiter la propagation de ce variant. Invitée d'Europe 1, samedi, Anne-Claude Crémieux, épidémiologiste et professeure en maladie infectieuses à l'Hôpital Saint-Louis, à Paris, fait le point sur l'impact qu'il pourrait avoir sur la France. 

"Le confinement allégé n’a pas été capable de freiner cette souche"

"Ce variant a la propriété d’être plus transmissible que les souches que nous avons connu jusqu’à présent. Cela se traduit par le fait que les mesures de freinage qui ont été utilisées au mois de novembre, c’est-à-dire un confinement allégé, n’ont pas été capables de freiner cette souche" alors que ces mêmes mesures avaient été efficaces sur les souches antérieures, analyse Anne-Claude Crémieux. "Cette contagiosité accélérée se traduit par un contrôle plus difficile, ce qui est préoccupant", poursuit-elle.

"S’il circule déjà, c’est une question de temps"

Alors comment limiter la propagation du variant britannique du Covid-19 ? Selon Anne-Claude Crémieux, également membre de l’académie de médecine, tout dépend de l’intensité de la circulation du virus en France. "S’il circule déjà, c’est une question de temps : on va se retrouver dans la situation anglaise. Il vaut donc mieux anticiper", explique-t-elle. Mais il y a aussi une hypothèse plus favorable : "s’il y a assez peu de souches qui circulent, il faut faire barrière à son introduction et à sa diffusion de manière extrêmement stricte".

Le télétravail avant la fermeture des écoles

Mais Anne-Claude Crémieux prévient : "si on est dans la situation anglaise, ou très peu de temps avant, je ne vois malheureusement pas comment on va échapper aux mesures qu’ont pris les pays voisins". "Si on a encore un peu de temps, il est évident que le télétravail va s’imposer avant la fermeture des écoles", poursuit l’épidémiologiste.

"Le diagnostic que l’on va faire est déterminant sur l’intensité et la force des mesures de freinage que l’on va adopter. Si on est dans l’hypothèse où ce virus a déjà commencé à circuler, malheureusement ça veut dire que l’on se dirige vers un confinement plus strict", conclut-elle.