Supermarché 2:48
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Mathilde Durand , modifié à
Des rayons vides, des files d'attente qui s'étirent : les magasins d'alimentation sont pris d'assaut par les Français. Michel Biero, directeur exécutif des achats et du marketing chez Lidl, assure sur Europe 1 qu'il n'y aura pas de pénurie. En revanche, il alerte sur l'absentéisme des salariés, effrayés, et insistent sur la nécessité de les protéger. 
INTERVIEW

Depuis le durcissement des mesures de confinement pour limiter la propagation de l’épidémie de coronavirus, les magasins d’alimentation sont pris d’assaut. Des images de rayons vides, d’accrochage pour du papier toilette ou des pâtes ou encore de longues files d’attente devant les magasins ont fait le tour des réseaux sociaux et des médias.

Pourtant, les géants de la grande distribution rassurent. "On tiendra, il n'y a aucun problème", assure ce matin sur Europe 1 Michel Biero, directeur exécutif des achats et du marketing de l’entreprise Lidl. "On est aujourd'hui plus un service public qu’un magasin alimentaire", estime-t-il. 

"Il n'y a aucune pénurie" 

"Il n’y a aucune pénurie. Il y a bien évidement eu des ruptures de stock ces derniers jours mais c’est le pic d’activité sans précédent que l’on a connu qui est à l’origine de ça", précise le directeur exécutif. "Les gens se sont rués (dans les magasins). Mardi matin on a eu des queues de 400, 500, 600 personnes. La régulation était même impossible. Donc oui il y avait des rayons vides, mais des pénuries il n’y en aura pas. C’est impossible : la production continue à tourner, l’industrie continue à tourner."

Pour Michel Biero, il n'y aura pas à l'avenir de rationnement. La plus grande problématique pour lui reste l'absentéisme des salariés. "On parle beaucoup du personnel de la santé, qui est essentiel pour le pays, mais je pense que la grande distribution, la chaîne alimentaire, est devenue aujourd'hui un service public. Chez nous il y a à peu près entre 30 et 40% d’absentéisme. Quels bras vont m’aider à mettre la marchandise dans les camions de la plateforme logistique ? Qui va la vendre ?"

"On se bat pour trouver des masques" 

Les salariés ont peur de se rendre sur leurs lieux de travail. En effet, ils sont particulièrement exposés et ne peuvent que rarement mettre en place une distanciation sociale. Michel Biero demande au gouvernement "un minimum de reconnaissance" pour ses salariés. "On se bat pour trouver des masques mais ils sont réquisitionnés par l’Etat. On a besoin de sécuriser nos salariés pour qu’ils viennent tous les matins travailler, pour leur expliquer qu’on est presque devenu un service public et qu’il faut nourrir la population. C’est essentiel", affirme-t-il. 

Des plaques de plexiglas bientôt installées pour protéger les salariés

Pour assurer la protection des salariés, l'enseigne Lidl va installer d'ici la fin de la journée des plaques de plexiglas sur toutes ses caisses. "On est en train de chercher des gants", ajoute Michel Biero. "Dans une guerre il faut se soigner,et se nourrir surtout." Selon lui, les salariés se sentent investis d'une mission et sont fiers de "sentir que la France a besoin d'eux". "On est vraiment le sens civique. On est aujourd'hui plus un service public qu’un magasin alimentaire. Il y a des primes de fortes activités qui existaient déjà et qu’on a remis en place pour ce genre de pic d’activité", ajoute-t-il .

Après les scènes de chaos de mardi, la fréquentation des magasins alimentaires s'est calmée dans l'après-midi. Un flux plus régulier qui pourra permettre aux employés de réapprovisionner les rayons. "On fait déjà des ouvertures décalées pour approvisionner. On a 25 directions régionales, on laisse chacun piloter dans sa région", précise Michel Biero.