Coronavirus : les livraisons de masques commencent, mais la pénurie perdure..."A midi, tout était parti"

Malgré les premières livraisons, les professionnels de santé manquent de masques. (Photo d'illustration) 1:24
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Virginie Salmen et Ugo Pascolo , modifié à
Les premières livraisons de masques pour les professionnels de santé ont commencé ce mercredi pour les régions prioritaires. Mais les "petites quantités" données sont jugées insuffisantes. 
TÉMOIGNAGE

Les livraisons commencent. Alors que les personnels de santé font face depuis plusieurs jours à une pénurie de masques, les régions prioritaires (Grand Est, Hauts-de-France, et Île-de-France) ont reçu ce matin leur stock, le reste du territoire devant être approvisionné jeudi. Les médecins ont donc pu aller les récupérer dans une officine pour se protéger contre le coronavirus.

Mais les quantités fournies sont pour l'instant loin d'être à la hauteur des besoins des professionnels de santé. "A midi tout était parti", s'inquiète un pharmacien interrogé par Europe 1. 

"Je n'ai plus rien" 

"J'ai reçu 10 boîtes de 50 masques, mais comme j'ai quatre professionnels à réapprovisionner, je n'ai plus rien ! A midi tout était parti, on en est quand même là", soupire au micro d'Europe 1 Eric Ruspini, pharmacien de Lunéville, près de Nancy. Une situation d'autant plus préoccupante qu'il a reçu le maximum de boîtes prévues, quand d'autres doivent se contenter de seulement six paquets. Sans oublier que l'essentiel du stock est constitué de masques chirurgicaux, et non des fameux FFP2, qui permettent notamment de faire des prélèvements sur les patients atteints par le Covid-19.

Pour répartir au mieux ces masques envoyés sur le terrain, et optimiser par la même la protection des professionnels de santé, les autorités sanitaires sont donc en train de mettre en place des règles : dans les Hauts-de-France, il a ainsi été décidé que les médecins et les infirmières se verront attribuer 18 masques par semaine et par personne. De leurs côtés, tandis que les kinésithérapeutes, qui peuvent intervenir sur des urgences respiratoires, devront s'en contenter de six. 

"Ce ne sont pas de petites quantités dont nous avons besoin"

Des quantités jugées insuffisantes par Patrick Bouet, président du conseil national de l'ordre des médecins. "Ce ne sont pas de petites quantités dont nous avons besoin", fustige-t-il au micro d'Europe 1. "Il faut que les masques soient en nombre suffisant pour que les professionnels de santé puissent assurer totalement leur mission. Les pharmaciens sont mobilisés et prêts à distribuer [les masques], les médecins sont disposés à aller les chercher, mais il faut que la logistique suive !"

"J'ai fait des visites la semaine dernière avec deux masques dans la poche ! Ce n'est pas possible", poursuit le médecin, qui martèle : "La logistique doit suivre la volonté politique d'Olivier Véran et d'Emmanuel Macron." Invoquant la "responsabilité de l'État" dans la livraison des équipements nécessaires à la protection des professionnels de santé "aux contacts des malades", le médecin s'autorise un parallèle historique avec la Première Guerre mondiale.

"Pour gagner la 'Grande Guerre', on a pris des taxis et on y a mis des Poilus", rappelle-t-il en référence à la réquisition par l'armée des taxis parisiens les 6 et 7 septembre 1914, lors de la première bataille de la Marne. "Aujourd'hui, on doit pouvoir mettre des masques dans des moyens de transport pour qu'ils inondent le territoire". 

Quid d'une livraison de masques aux particuliers ? 

Même si des millions de masques sont en train d'être livrés, ils sont réservés aux seuls professionnels de santé. Pas question donc pour un particulier de se rendre à la pharmacie pour essayer d'en acheter.