Pétrole 3:17
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Mathilde Durand
Lundi le prix du baril de pétrole sur le marché new-yorkais est passé sous la barre des zéro dollar, après des semaines de chute en raison du coronavirus. Francis Perrin,​ directeur de recherche à l'Iris, souligne que le phénomène reste localisé et exceptionnel. Néanmoins, le cours du pétrole à travers le monde est bien en baisse depuis quelques mois. 
DÉCRYPTAGE

Après des semaines de chute libre, le prix du baril de pétrole sur le marché new-yorkais est passé en dessous de la barre des 0 dollar ce lundi. Le marché est saturé et les investisseurs cherchaient à s'en débarrasser à tout prix. Sur certains contrats, il est même tombé à -37 dollars. En clair, ceux qui possèdent le pétrole ne le vendent plus. Au contraire : ils payent pour éviter de devoir le stocker.

Le cours est remonté dans la nuit, mais les problèmes demeurent : surproduction et stocks trop importants qui ne s'écoulent plus, en raison de la pandémie de coronavirus. La situation est-elle si grave que ça ? On a posé la question à Francis Perrin,​ directeur de recherche à l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques). Selon lui, ces taux négatifs sont un événement isolé qu'il ne faut pas dramatiser. Mais pour certains pays, la situation n'en est pas moins inquiétante... 

Des circonstances et un lieu particulier

Des prix du baril à -37 euros, faut-il s'en inquiéter ? "Cela s'est passé sur le marché de New-York. Ce n'est pas le prix moyen du pétrole qui à travers le monde hier était compris entre 18 et 25 dollars par barils", nuance Francis Perrin. "Mais dans des circonstances très particulières, dans un lieu très particulier, les producteurs n'arrivaient pas à trouver d'acheteurs et n'avaient plus d'installations pour stocker ce pétrole. Par conséquent, ils ont préféré payer des acteurs pour qu'on les débarrasse de leur pétrole."

Mais si la chute des prix sur le marché de New-York reste un phénomène exceptionnel et ciblé, les prix de "l'or noir" à travers le monde sont bien en chute depuis des mois. "Si on prend le prix du pétrole Brent, de la mer du Nord, l'un des principaux prix de référence à travers le monde, nous étions à 68 dollars par baril le 6 janvier et lundi nous étions entre 25,26 dollars par barils, à Londres", analyse Francis Perrin. "Une chute de 40 dollars par baril depuis le début de l'année, cela fait très mal quand on est un pays dépendant des revenus pétroliers."

Les pays exportateurs déstabilisés

Et selon lui, certains pays pourraient être largement déstabilisés par la chute des cours du pétrole, notamment les pays exportateurs les plus pauvres : l'Irak, l'Iran, le Venezuela, le Nigéria, La Lybie, l'Algérie, l'Angola...

"Par contre les pétromonarchies ont de très grosses réserves financières", souligne-t-il enfin. Avant de conclure : "Ces pays sont en train de 'boire le bouillon', mais ils vont puiser dans leurs réserves. Ils font le gros dos en attendant que les prix remontent, ce qui devrait arriver au second semestre 2020".