Timon, 9 ans, est victime d'épisodes de bronchites aiguës, de bronchites asthmatiques et de toux grasses pendant des périodes qui coïncident avec les pics de pollution. (Photo d'illustration) 1:30
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Jean-Luc Boujon, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Une mère de famille dont l'enfant était malade lors des pics de pollution dans sa ville de Villeurbanne a fait reconnaître par la justice la "non maîtrise" de ces phénomènes par l'Etat.
TÉMOIGNAGE

"Je suis satisfaite". Laure a de quoi sourire, puisque le juge du tribunal administratif de Lyon vient de reconnaître "la faute de l'État" dans sa gestion de la pollution atmosphérique de l'agglomération lyonnaise.

À l'origine de l'affaire, il y a cette mère de famille qui vit à 600 mètres du périphérique lyonnais. Elle remarque qu'à chaque épisode de pollution, son fils Timon, 9 ans, est victime d'épisodes de bronchites aiguës, de bronchites asthmatiques et de toux grasses. Et c'est lorsqu'elle recoupe les ordonnances de son fils avec les dates des pics de pollution qu'elle se rend compte de l'existence d'un lien entre les deux. "Mon fils réagissait systématiquement en se mettant a tousser", explique-t-elle au micro d'Europe 1. "Particulièrement pendant l'hiver 2016, où l'on a dépassé plusieurs fois les seuils [de pollution]. On allait chez le médecin et Timon était mis sous cortisone et ventoline", se souvient-elle. 

"Cette décision est un peu celle de tout le monde"

Laure saisit alors le tribunal administratif. Pour elle l'Etat, la Métropole et la Ville de Lyon sont responsables de l'état de santé de son fils. Un avis qu'a partagé le juge le 26 septembre dernier en reconnaissant la responsabilité de l'Etat dans cette affaire. "Cette décision est un peu celle de tout le monde", avance-t-elle. "D'autres enfants et d'autres adultes réagissent aussi [comme Timon], et la seule manière de faire pression sur l'Etat est de continuer à le questionner, à lui dire que l'on est pas satisfaits des mesures qui sont prises".

Mais la victoire n'est pas complète, puisque le tribunal n'est pas allé jusqu'à condamner l'État au versement de dommages et intérêts : si la "non maîtrise" des pics de pollution est avérée, "le lien avec les problèmes de santé du jeune Timon n'est pas prouvé", précise France 3 Auvergne Rhône-Alpes. Néanmoins, c'est la cinquième fois en quelques semaines que la justice donne raison à des citoyens qui accusent l'État d'inaction contre la pollution. Un nouveau jugement qui pourrait résonner chez certains habitants de Rouen, alors que des milliers de tonnes de produits chimiques ont brûlé dans l'incendie de l'usine Seveso de Lubrizol, le 26 septembre dernier, et que plusieurs plaintes ont déjà été déposées.