«C'est pertinemment lié à la religion» : en Seine-Saint-Denis, le quotidien de Neïma confrontée à un harcèlement communautaire

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Wilfried Devillers / Crédits photo : Thomas SAMSON / AFP , modifié à
L'agression de Samara, 14 ans, rouée de coups à la sortie de son collège de Montpellier, choque la France. La jeune fille était victime de harcèlement scolaire depuis de nombreux mois, dans lequel la religion pourrait être un élément clé. Face à cette agression, certaines femmes dénoncent la montée d'un harcèlement communautaire, comme Neïma, qui vit en Seine-Saint-Denis.

Trois jours après l'agression de Samara à la sortie de son collège, les langues se délient au sujet d'une forme de harcèlement scolaire qui semble se nourrir du communautarisme. La jeune fille, était souvent traitée de p*te et de kouffar, qui signifie mécréante en arabe, par une de ses camarades. Samara apprécie se maquiller et "s'habille à l'occidentale", quand son harceleuse "est voilée", expliquait sa mère en milieu de semaine devant les journalistes.

Un harcèlement que dénoncent également certaines femmes comme Neïma, qui vit en Seine-Saint-Denis. La jeune femme assure être victime régulièrement de remarques. "Cet été, j'étais en robe. Je suis passée près d'un lieu de culte et un homme est sorti et marchait derrière moi. Il a fini par cracher à mes pieds et je me suis retournée. J'ai vu qu'il avait un regard très menaçant. Je savais pertinemment que c'était lié à la religion", explique-t-elle au micro d'Europe 1. 

"On est censé vivre dans un pays de liberté"

"C'est un fait parmi tant d'autres. Je ne vais pas dire que c'est le quotidien, mais moi, je trouve que même si c'est une fois par semaine, une fois tous les 15 jours, c'est trop. On est censé vivre dans un pays de liberté, dans un pays de libre choix, de liberté de conscience de pratiquer ou de ne pas pratiquer. Et ce n'est pas aux autres de décider qui est un bon pratiquant, qui ne l'est pas en fonction de sa tenue", estime-t-elle. 

Avant d'ajouter : "Je pense qu'on est une majorité. Malheureusement, par peur des représailles, beaucoup ne parleront pas publiquement parce qu'elles subissent et qu'elles n'ont pas d'autres choix. Quand vous vivez dans un quartier où tout est scruté, où l'on regarde ce que vous faites, dans quels endroits vous allez, c'est très compliqué de dénoncer publiquement les pressions qu'on subit au quotidien", conclut-elle.