Centre de déradicalisation de Pontourny : les riverains réclament la fermeture, les élus réfléchissent

Le centre de Pontourny a accueilli au maximum 9 pensionnaires sur 30 possibles.
Le centre de Pontourny a accueilli au maximum 9 pensionnaires sur 30 possibles. © GUILLAUME SOUVANT / AFP
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avec Salomé Legrand et François Coulon , modifié à
Les centre de déradicalisation de Pontourny est vide depuis une semaine. Pour les riverains, le centre doit fermer ses portes.

Environ 150 personnes ont manifesté samedi matin à Beaumont-en-Véron, devant le centre de déradicalisation de Pontourny, en Indre-et-Loire, pour réclamer sa "fermeture immédiate". Décrié par les riverains et actuellement vide, comme vous le révélait Europe 1 jeudi, ce centre est le seul de ce type en France. Son sort devrait se jouer dans les prochaines semaines, les élus locaux ayant réclamé vendredi un moratoire "d'au minimum un mois" pour "tout remettre sur la table".

Pensionnaires trop libres. Alors qu'il a une capacité d'accueil de 30 personnes, le centre n'a compté au maximum que neuf pensionnaires. En effet, l'admission se fait sur le volontariat. Par ailleurs, les riverains protestent contre le fait que le centre a accueilli des profils bien plus dangereux que ne le garantissaient les autorités. "Comme c'est un centre ouvert, on ne maîtrise pas les déplacements des pensionnaires. Ils font ce qu'ils veulent, ils sortent. Sur un coup de colère, ils peuvent entrer dans une maison, attendre à la sortie d'une école", tempête Valérie sur Europe 1. Samedi, sur les pancartes brandies par les riverains en colère, on pouvait lire "Cazeneuve. Le Roux démissions !", "Pontourny, ça suffit !" ou encore "Djihadiste = danger".

Moratoire demandé. Laurent Baumel, député d'Indre-et-Loire se montre plus réservé quant à l'avenir du site : "La question de la fermeture est posée. L'État dit qu'il veut continuer l'expérience. Alors à défaut de le fermer, on a demandé la mise en place d'un moratoire. Que l'on n'accueille plus personne dans les mois qui viennent afin d'obtenir la garantie concrète qu'il n'y aura pas de nouveau couac".Une délégation a été reçue à la mairie. A cette occasion, le premier adjoint au maire, Vincent Naulet, a rappelé que "lors du dernier conseil municipal, la municipalité s'est prononcée pour la fermeture du Centre car l'Etat n'a pas respecté ses engagements. Le moratoire, a-t-il estimé, est une bonne chose qui permet de donner le temps de la réflexion."

Un lieu inadapté. Plusieurs élus sont quant à eux favorables à une fermeture définitive du centre de Pontourny. C'est le cas de la sénatrice écologiste du Val-de-Marne, Esther Benbassa. Elle conduit la mission d'information sur la déradicalisation au Sénat. "Je ne crois pas que ce centre puisse servir à quelque chose. J'ai été étonnée de voir ce qu'il s'y passe, du désordre qui règne. Tout est fait de bric-à-brac donc personne n'a envie de rester", critique-t-elle au micro d'Europe 1. "Comment est-ce que, dans ce cadre, on peut mettre les volontaires sur une voie positive ? La réhabilitation de ces jeunes doit se faire par le biais d'une réinsertion professionnelle très accompagnée et pas par ce genre de lieu inadapté. On ne peut garder un centre qui n' jamais accueilli plus de 10 pensionnaires".