Anzac day 1:28
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Romane Hocquet, édité par Ugo Pascolo , modifié à
En pleine Picardie, vit (presque) un petit morceau d'Australie. Les habitants de la commune de Villers-Bretonneux se sentent en tout cas extrêmement proches des Australiens. Alors forcément, quand le pays qui est venu libérer le village en 1918 est ravagé par les flammes, ce sont tous les habitants qui se mobilisent.
REPORTAGE

C'est sans doute la plus Australienne des villes françaises. Des kangourous peints sur les maisons, sur les vitrines des commerçants, un panneau qui indique "l'Australie en Picardie"... Bienvenue à Villers-Bretonneux dans la Somme, une ville particulièrement émue par les incendies meurtriers qui ravagent une partie de l'Australie. Et pour cause, elle a un lien très fort et très particulier avec Canberra. 

Une amitié qui remonte à 1918

Pour comprendre, il faut remonter à la Première Guerre mondiale et à la libération de Villers-Bretonneux par... les Australiens. "Il y a des kangourous sur la façade la mairie", explique le maire Patrick Simon au micro d'Europe 1. "C'est le symbole de notre amitié, un symbole qui date de 1918. Ils sont là tous les jours dans la commune. En sortant de Roissy, les Australiens tournent à droite pour venir à Villers." 

Et le phénomène est encore plus visible le 25 avril. Chaque année, ce sont des centaines d'Australiens qui se rendent au mémorial national [australien]. Situé sur les hauteurs du village, c'est le plus grand d'Europe, un véritable pèlerinage pour commémorer l'Anzac Day, du nom donné aux forces australiennes et néo-zélandaises pendant la guerre de 1914-1918. Chaque année, c'est environ 40.000 touristes venus tout droit du pays des kangourous qui passent par Villers-Bretonneux. 

"Les endroits les plus touchés, on les connaît très bien"

Alors forcément, dans cette ville où tout le monde ou presque connait un Australien, les habitants suivent avec la plus grande attention l'évolution de la situation des incendies. D'autant que Villers-Bretonneux est jumelée depuis 1985 avec Robinevale, une commune de 2.000 habitants dans le Sud du pays. "Depuis deux-trois jours, il y a certaines images que je ne peux plus regarder à la télévision", explique Sylvain, membre du comité de jumelage. "Ce ne sont pas nos amis, mais nos frères. Les endroits les plus touchés, on les connaît très bien."

"N'oublions jamais l'Australie", c'est la devise affichée un peu partout dans la ville depuis la Première Guerre mondiale. Et d'ailleurs, beaucoup d'habitants le disent, dans leur cœur, c'est comme si c'était la commune d'à côté qui brûlait. Mais à 17.000 kilomètres du drame, il y a comme un sentiment d'impuissance face à la catastrophe.

10.000 euros récoltés en 24 heures

Une cagnotte à tout de même été lancée ce jeudi. Un petit clin d’œil à l'Histoire, puisque qu'au sortir de la Première Guerre, les Australiens s'étaient eux aussi mobilisés pour la reconstruction du village picard. En à peine 24 heures, c'est environ 10.000 euros qui ont ainsi été récoltés pour aider à la reconstruction d'un petit village australien sinistré. "On se dit qu'on a peut-être des amis qui sont là-bas", raconte au micro d'Europe 1 Batilde, lycéenne. "Il ne faut pas fermer les yeux ! Il y a des bâtiments qui ont été construits avec leurs dons. On ne peut pas rester sans rien dire, c'est inhumain." 

Et pour marquer encore un peu plus leur soutien, les habitants de Villers-Bretonneux organisent une marche de soutien le 2 février prochain, avec un invité de marque : l'ambassadeur d'Australie en France.