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Thibauld Mathieu , modifié à
Invité de Sonia Mabrouk, jeudi, sur Europe 1, Philippe Juvin, chef de service des urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou, s'attend à recevoir des patients fragiles pendant la canicule. Pour l'instant, ce sont surtout des jeunes.
INTERVIEW

En cette période de canicule, tous les regards se tournent évidemment vers le thermomètre… Et les urgences, qui s'apprêtent à essuyer les conséquences de ces fortes chaleurs. Mais "depuis deux jours, il y a un afflux de patients qui ne sont pas ceux qu'on attend habituellement", affirme sur Europe 1 Philippe Juvin, chef de service des urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou, à Paris.

"24 à 48 heures avant l'arrivée des patients fragiles"

Ces patients, ce sont en effet "des jeunes gens qui trouvent très drôle de faire la fête la nuit parce qu'il fait beau, il fait chaud, que ce sont les vacances. Et donc ils boivent de l'alcool et font n'importe quoi. On les retrouve dans un état d'ivresse, avec des traumatismes, des plaies… On a ça toutes les nuits", remarque Philippe Juvin.

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Rien de très anormal pourtant, selon lui. "Traditionnellement, quand il fait très chaud, on a un délai de 24 à 48 heures avant l'arrivée des patients fragiles", souligne celui qui est également maire LR de La Garenne-Colombes, dans les Hauts-de-Seine. Si quelques patients âgés ont déjà été admis pour déshydratation, les arrivées devraient se faire plus massives à partir de vendredi matin, craint Philippe Juvin.

"Il y a encore des gens qui n'ont rien compris"

Son service risque donc bien de déborder, ces prochains jours. "C'est vrai qu'il y a quelques années, les urgences étaient encombrées à deux moments de l'année : lors de la grippe en hiver et lors de la canicule en été. La grande nouveauté, c'est que les urgences sont désormais encombrées toute l'année", diagnostique-t-il. "À ce flux déjà tendu vient se surajouter une pointe, qui est extrêmement difficile à avaler. Elle est là, notre inquiétude."

Mais le médecin a beau appartenir aux Républicains, loin de lui l'idée de vouloir polémiquer sur l'attitude du gouvernement et de sa ministre de la Santé, Agnès Buzyn. "Elle est dans son rôle. Elle rappelle des mesures de bon sens. Ça en énerve certains qui pensent qu'on la déjà suffisamment entendu, mais si c'était le cas, je ne serais pas là à vous parler de l'afflux des patients aux urgences. Tout le monde se protégerait, ce n'est pas le cas". Et de souffler : "Il y a encore des gens qui n'ont rien compris…"