Biodiversité : un million d'espèces menacées d'extinction, la survie de l'Homme en jeu

Le rapport des experts de l'ONU est accablant sur la dégradation de l'environnement sous l'action de l'homme.
Le rapport des experts de l'ONU est accablant sur la dégradation de l'environnement sous l'action de l'homme. © RICHARD BROOKS / THE PEW CHARITABLE TRUSTS / AFP
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avec AFP , modifié à
Le rapport des experts de l'ONU sur la biodiversité dévoilé lundi à Paris est accablant : 75% de l'environnement terrestre a été "gravement altéré" par les activités humaines et 66% de l'environnement marin est également touché.

Déjà un million d'espèces menacées d'extinction et le rythme s'accélère : la nature qui permet à l'humanité de vivre est condamnée à poursuivre son déclin à moins d'"un changement profond" des modèles de production et de consommation des hommes.

Dans un rapport sans précédent publié lundi, le groupe d'experts de l'ONU sur la biodiversité (IPBES) peint un tableau sombre de l'avenir de l'être humain qui dépend de la nature pour boire, respirer, manger, se chauffer ou se soigner. "Nous sommes en train d'éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier", décrit Robert Watson, président de l'IPBES.

L'environnement est "gravement altéré" par les activités humaines

Déforestation, agriculture intensive, surpêche, urbanisation galopante, mines : 75% de l'environnement terrestre a été "gravement altéré" par les activités humaines et 66% de l'environnement marin est également touché. Résultat : environ un million d'espèces animales et végétales sur les quelque 8 millions estimées sur Terre, sont menacées d'extinction, dont "beaucoup dans les prochaines décennies".

Un constat en accord avec ce que de nombreux scientifiques décrivent depuis des années : le début de la 6ème "extinction de masse" - non mentionnée dans le rapport - et la première dont l'Homme est responsable. Mais aussi "la première qui pourrait être stoppée si nous agissons de manière décisive maintenant", note Mark Tercek, président de l'ONG Nature Conservancy.

Les cinq principaux coupables sont clairement identifiés dans le texte sur lequel ont travaillé 450 experts pendant trois ans. Dans l'ordre, l'utilisation des terres (agriculture, déforestation), l'exploitation directe des ressources (pêche, chasse), le changement climatique, les pollutions et les espèces invasives. Mais même si l'accord de Paris sur le climat qui vise à limiter le réchauffement à maximum +2°C est respecté, le changement climatique pourrait grimper au classement, tout en aggravant les autres facteurs.

Des améliorations sont encore possibles

Heureusement, certaines actions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre pourraient aussi entraîner des effets bénéfiques directs sur la nature, permettant peut-être de sortir de ce cercle vicieux. "Il n'est pas trop tard pour agir, mais seulement si nous commençons à le faire maintenant" et via un "changement transformateur" de notre société pour ralentir les "moteurs" de la perte de biodiversité qui menace l'Homme au moins autant que le changement climatique, estime également Robert Watson.

Nourrir 10 milliards de personnes, premier enjeu

Première cible : le système agro-alimentaire. Nourrir 10 milliards de personnes en 2050 de façon "durable" implique une transformation de la production agricole (agro-écologie, meilleure gestion de l'eau) mais aussi des habitudes de consommation (régime alimentaire, gaspillage), souligne le rapport. La synthèse adoptée par les délégations samedi n'appelle pas directement à manger moins de viande, la formulation ayant été affaiblie depuis la version préliminaire. Un signe probable de l'hostilité de certains pays producteurs de viande.