Biélorussie : un ancien ministre devenu opposant anticipe "un exil massif"

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Ugo Pascolo , modifié à
Invité d'Europe Matin dimanche, l'ancien ministre de la Culture biélorusse Pavel Latouchka, devenu un opposant d'Alexandre Loukachenko, témoigne du durcissement du régime. Il anticipe également un exode massif de ses concitoyens vers les pays européens. 
INTERVIEW

Ministre, ambassadeur, directeur de théâtre, député... Pavel Latouchka a eu une première vie dans les arcanes du pouvoir biélorusse. Mais depuis la réélection contestée d'Alexandre Loukachenko le 9 août dernier, tout a changé. Désormais membre du conseil de coordination des opposants, il a vu deux dossiers se monter contre lui au pénal, dont une accusation de coup d'État. Actuellement "en mission en Pologne, en Lituanie, mais aussi à Bruxelles", pour que les autres pays prennent conscience de la situation à Minsk, il vit en exil. Invité d'Europe Matin dimanche, il revient sur une situation explosive causée par un personnage sulfureux. 

"Cet homme a commencé à penser qu'il était l'État"

"Ces dernières années, la conquête du pouvoir absolu est devenue une priorité pour Alexandre Loukachenko. Au lieu de se dire qu'il a été élu, cet homme a commencé à penser qu'il était l'État, qu'il était l'égal de l'État, c'est devenu très clair." Pour appuyer son analyse, l'opposant rappelle les propos de l'actuel président biélorusse, tenus à un journaliste ukrainien : "Je pense être né président."  

"La crise intérieure et politique s'amplifie"

Tandis que les manifestations continuent, la répression menée par Alexandre Loukachenko s'intensifie et ce sont désormais les opposants qui sont dans la ligne de mire du régime. "La situation continue d'être dramatique, les leaders [de la contestation] étudiants se sont arrêtés, mais tout le monde continue de sortir dans la rue et on attend de voir ce qui va se passer ce dimanche", jour d'une nouvelle manifestation d'ampleur pour demander le départ de Loukachenko après le 3 novembre, date de fin de son précédent mandat. "La crise intérieure et politique s'amplifie", résume Pavel Latouchka.

Mais à cette dernière s'ajoute aussi "une crise internationale, puisque les autorités biélorusses ont coupé les contacts avec l'Europe et garde le lien avec la Russie. Sans compter que l'économie va très mal."

Vers un "exil massif" des Biélorusses en Europe ?

Quant à savoir comment la situation va évoluer, Pavel Latouchka anticipe un exode massif de ses concitoyens vers les pays européens. "Si ça continue comme ça, on entrera dans un temps où les citoyens biélorusses seront sous le joug de forces militaires spéciales. Et ça va provoquer un exil massif des Biélorusses en quête de liberté d'expression, pour vivre en paix."