Benjamin Griveaux : "Moi, j'ai une conception apaisée de la laïcité"

Benjamin GRIVEAUX
Benjamin Griveaux était dimanche l'invité du Grand rendez-vous.
  • Copié
G.S. , modifié à
Invité dimanche du "Grand rendez-vous", le porte-parole du gouvernement a délivré sa vision de la gestion du fait religieux en France. 
INTERVIEW

Rares sont les membres de l'exécutif à s'être exprimés sur la laïcité, depuis l'élection d'Emmanuel Macron. "Le président doit parler fort", réclamait Manuel Valls, il y a deux semaines, dans le Parisien. À ce sujet "éminemment complexe", il faut se permettre une "pensée complexe", rétorque dimanche Benjamin Griveaux, invité du Grand rendez-vous. "La question, c'est la question de la laïcité. Moi j'ai une conception apaisée de la laïcité. Aristide Briand, le père de la loi 1905, disait 'j'ai horreur de la guerre religieuse'. Moi aussi", poursuit le porte-parole du gouvernement, en appelant au respect de "la liberté de croire ou de ne pas croire dans le cadre des règles de la République".

"Les prières de rue doivent cesser". Interrogé sur les prières de rue, Benjamin Griveaux refuse l'emballement. "Les prières de rue doivent cesser. Mais pour cela, il faut que chacun ait un lieu où l'on puisse exercer librement et calmement. Évitons l'instrumentalisation, la stigmatisation des uns ou des autres en permanence", insiste le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre. "La laïcité est un texte de liberté, un texte de tolérance, et c'est dans cet esprit que le gouvernement travaille", martèle Benjamin Griveaux, confondant au passage "la laïcité" (qui n'est pas un texte) et la loi de 1905 (qui ne contient d'ailleurs pas le terme "laïcité").

Pas de concordat avec l'islam. Répondant à Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, qui en appelle à la mise en place d'une forme de Concordat avec l'islam (qui permettrait à l'Etat de s’immiscer directement dans la gestion du culte musulman, ce que lui interdit pour le moment la loi de 1905), Benjamin Griveaux s'inscrit en opposition à cette proposition. "Je ne suis pas certain qu'il faille réorganiser les choses de manière concordataire. Il faut que l'on puisse avoir un dialogue sur des institutions représentatives, avec des interlocuteurs qui aient parfaitement intégrés les enjeux que sont ceux de la laïcité". Les institutions actuelles, à commencer par le Conseil français du culte musulman (CFCM), ont-elles donc échoué dans cet objectif ? "Il faut encore progresser", reconnaît Benjamin Griveaux.

Les crèches n'ont "pas leur place" dans les espaces publics

Faut-il interdire définitivement les crèches dans les collectivités locales ? "Le fait religieux n'a pas sa place dans les espaces des bâtiments publics", martèle Benjamin Griveaux. Pourtant, dans certaines régions, les juges décident de valider la présence de ces édifices dans des bâtiments de collectivités locales. "Ce n'est pas à moi de dire aux juges ce qu'ils doivent juger. Ma conviction, c'est qu'elles n'ont pas leur place. C'est la loi de 1905", martèle le porte-parole du gouvernement. Or, la loi de 1905 n'est pas claire là-dessus, autorisant les édifices à caractère religieux dans l'espace public, dans la mesure où cela s'inscrit dans le cadre d'une exposition à caractère temporaire, culturel et/ou patrimonial. Le Conseil d'Etat l'a d'ailleurs rappelé l'an dernier, sans définir précisément ce cadre (et s'il s'applique à Noël), laissant la place à plusieurs décisions contradictoires de la part des tribunaux locaux.