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Alexandra Jaegy, édité par Juliette Moreau Alvarez , modifié à
Belle-Île attire les touristes, et peut-être trop. La communauté de communes a décidé de refuser un prix récompensé son sentier de Grande Randonnée pour éviter la publicité et le surtourisme, jugé trop pollueur. Une décision ferme qui semble pourtant être taboue sur place.

Le GR 340 de Belle-Île a été élu sentier de Grande Randonnée préféré des Français cette année. Le nombre de randonneurs sur le GR a grimpé de 25% cet été par rapport à 2021. Un sentier qui connaît un énorme succès grandissant auprès des touristes. Pourtant, la communauté de communes de l’île a décidé de refuser le prix pour éviter trop de publicité et limiter le problème du surtourisme

Ainsi, le trophée du sentier préféré des Français ne sera pas remis à Belle-Île cette année. Le but : éviter trop de communication autour de ce sentier déjà très prisé par les randonneurs. Un choix de la communauté de communes qui fait débat et pose une autre question : celle de la fréquentation sur l’île. Rien qu’en août 2021, 103.388 visiteurs sont venus, contre 100.858 en 2020. Mais c’est un sujet qui fâche sur place. 

Le tabou du surtourisme 

Omerta sur Belle-Île face à cette décision. Quatre jours d’enquête, et pas de réponses de la communauté de communes qui ne souhaite pas s’exprimer. Même son de cloche pour certains bénévoles d’associations de défense de l’environnement qui disent ne pas pouvoir témoigner. La première à vouloir s’exprimer, c’est Nicole Le Noble de l’association "Savoir Faire des îles du Ponant". Elle comprend cette décision visant, par ricochet, à contrôler la fréquentation du sentier : "Il y a un manque de respect énorme au niveau des randonneurs. Quand on va se promener il y’a du papiers-toilette partout, c’est sale."

Présenter les randonneurs comme pollueurs et trop nombreux ne passe pas auprès de Madeleine Lebranchu, présidente de la fédération morbihannaise de randonnée. Pour elle, il faut chercher les responsables du surtourisme ailleurs : "Notre sport, c’est le souci de préserver, de ne pas déranger. Je trouve ça un peu dommage… est-ce qu’il n'y a que des randonneurs à Belle-Île ? On peut se poser la question”, déplore-t-elle au micro d’Europe 1.

L’arrivée d’un tourisme de luxe ?

En conclusion, des refus de parler et des réponses sibyllines avec en sous-texte, peut-être, simplement une évolution du monde du tourisme qu’évoque Audrey, vendeuse de glaces sur l’Île depuis sept ans : "Il n’y a pas que des randonneurs qui viennent à Belle-Île. On voit les voitures qui passent, on voit des Tesla, des Porsche… On en voit de plus en plus. Ce ne sont pas les mêmes porte-monnaie qui viennent à Belle-Île qu’avant." Est-il question de bons ou de mauvais touristes sur l’île ? Le débat est donc lancé. Mais pour le moment, aucune mesure concrète n’est prise pour réguler la fréquentation.