Barbara Pompili 1:10
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avec AFP , modifié à
Barbara Pompili a été nommée ministre de la Transition écologique lundi, au sein du gouvernement du nouveau Premier ministre Jean Castex. La députée a fait toute sa carrière chez les Verts, puis EELV, avant de rejoindre en 2017 la République en marche.

C'est la nouvelle vitrine écolo du gouvernement. Députée LREM de la Somme et ancienne secrétaire d'État, Barbara Pompili a été nommée ministre de la Transition écologique lundi soir, au sein du gouvernement de Jean Castex. Âgée de 45 ans, Barbara Pompili, écologiste "réformiste", ancienne d'EELV, tente de faire entendre une sensibilité écolo chez des "marcheurs" pas toujours convertis. À la tête depuis 2017 de la commission du Développement durable de l'Assemblée, elle capitalise sur son expérience de secrétaire d'État à la Biodiversité de février 2016 à mai 2017, sous François Hollande.

"On la connait bien puisqu'elle était à EELV", a réagi Alain Colombel, porte-parole du parti, lundi sur Europe 1. "Elle connait très bien les dossiers qui concernent l'écologie, mais c'est la ligne globale du gouvernement qui importe...", a-t-il nuancé, symbole des fortes attentes sur le dossier de l'écologie, quelques jours après le triomphe d'EELV aux municipales. 

Une première partie de quinquennat en deçà de ses espérances sur l'écologie 

Assez discrète voire en retrait au départ, comme pour mieux laisser place au "nouveau monde" au Palais Bourbon, Barbara Pompili avait développé au sein de la commission du Développement durable, et au-delà, un réseau pro-environnement. Pour tenter de peser davantage, après une première partie de quinquennat en deçà de ses espérances, elle a d'ailleurs créé récemment, avec l'ex-chiraquien Hugues Renson, l'association "En Commun", qui rassemble une cinquantaine de députés LREM de sensibilité sociale et écologique.

"C'est une grosse bosseuse, quelqu'un qui a toujours pour objectif de rassembler les gens autour des projets", salue un ancien collaborateur. Et si "elle n'est pas une frondeuse" dans l'âme, elle n'est pas non plus "béni oui-oui". Elle s'était par exemple abstenue début 2019 sur le texte controversé "anti-casseurs". Pour les municipales à Amiens, elle figurait d'ailleurs sur la liste de Christophe Porquier, son compagnon ex-EELV, quitte à affronter la candidate UDI soutenue par LREM.

Par ailleurs, mitigée sur les résultats de la Convention citoyenne sur le climat fin juin, elle a averti que son succès "va dépendre de la manière dont nous réussirons tous collectivement à transformer l'essai, de la volonté politique".

"Elle va rencontrer des difficultés dans un gouvernement clairement orienté à droite" 

"On souhaite toute la réussite à Barbara Pompili, mais on est conscient des difficultés qu’elle va rencontrer dans un gouvernement qui est clairement orienté à droite", a commenté Alain Colombel, citant notamment le ministre de l'Économie, Bruno le Maire, et le nouveau ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. "Il y a peu de chances pour que les enjeux écologistes soient pleinement évoqués par ce gouvernement", craint même Alain Colombel. 

Un discours partagé par Julien Bayou, secrétaire général de EELV, sur Twitter. "Une feuille de route simple, celle de la Convention citoyenne, climat. Espérons qu'elle fasse mieux que lors de son passage comme secrétaire d'Etat à la biodiversité sous Hollande. Assez de discours, des actes".

"Une écolo recyclée"

Mais Barbara Pompili est capable de faire valoir ses idées. Elle a même parfois cogné sur le gouvernement, notamment en raison de certains choix budgétaires ou en défaveur de l'environnement, et de plus en plus sur ses camarades d'EELV, un parti qu'elle "ne reconnaissait plus" et qu'elle avait quitté fin 2015.

Après sa rupture avec les Verts, elle est devenue secrétaire d'État aux côtés de Ségolène Royal et a fait adopter définitivement la loi pour la reconquête de la biodiversité. Mais lors de l'élection présidentielle de 2017, malgré la consigne du Premier ministre Bernard Cazeneuve à l'équipe gouvernementale, elle est la première à soutenir publiquement Emmanuel Macron pour l'élection présidentielle et se présente sous l'étiquette LREM à sa réélection dans la Somme.

Selon Michaël Darmon, éditorialiste politique d'Europe 1, Barbara Pompili a "un sens stratégique assez poussé", celle-ci ayant été dans les tractations, voire l'organisation du nouveau groupe parlementaire "Écologie, démocratie, solidarité", dissident de LREM, créé en mai dernier. "Au dernier moment, elle s'est retirée en disant 'Je ne le rejoins pas'", poursuit l'éditorialiste. "Là, on avait déjà compris en coulisses qu'il y avait peut-être quelques engagements la concernant dans l'avenir."

Barbara Pompili est "une écolo recyclée", raille un collègue marcheur. Alors qu'elle n'est pas une proche d'Emmanuel Macron, certains redoutent toutefois qu'elle manque de poids politique. Son action, dans un ministère hautement symbolique, sera scrutée de près.