AZF : à Toulouse, des victimes dénoncent la délocalisation

Une trentaine de victimes de l'explosion de l'usine AZF en 2001 ont manifesté mardi à Toulouse contre la délocalisation à Paris du troisième procès de la catastrophe;
Une trentaine de victimes de l'explosion de l'usine AZF en 2001 ont manifesté mardi à Toulouse contre la délocalisation à Paris du troisième procès de la catastrophe; © AFP
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avec AFP
Une trentaine de victimes de l'explosion de l'usine toulousaine en 2001 ont dénoncé mardi une "mise à l'écart", après la délocalisation du troisième procès à Paris.

Une trentaine de victimes de l'explosion de l'usine AZF en 2001 ont manifesté mardi à Toulouse contre la délocalisation à Paris du troisième procès de la catastrophe, dénonçant une "mise à l'écart". Rassemblées devant le Palais des Congrès de Toulouse, où le procès parisien est retransmis en direct, mais sans possibilité d'interaction, les victimes ont déroulé plusieurs banderoles où était notamment inscrit: "Nouveau procès AZF à Paris: sinistrés TOTALement bâillonnés".

"Privés de procès". "On nous met à l'écart", a accusé Rose Frayssinet, 74 ans, tenant une banderole proclamant: "AZF: pas d'impunité pour les crimes industriels". "Aller à Paris, c'est très contraignant", explique-t-elle. Cette retraitée a perdu l'usage total d'une oreille et l'autre n'entend plus qu'à 30%. Mais elle ne s'est jamais portée partie civile et ne peut donc se faire rembourser les frais de déplacement et de séjour à Paris. Habitant à plus de 700 km de Paris, les milliers de victimes de l'explosion AZF, qui avait fait 31 morts, se sentent ainsi privées de "leur" procès.

Quatre mois de procès à Paris. La salle de la Cour d'appel de Paris ne peut de toute façon contenir que 300 places, tandis que le nombre des parties civiles atteint déjà à lui seul 2.700. Nombre des blessés d'AZF sont vieillissants et malades. Pour eux, "monter" à Paris est une véritable expédition, surtout pour un procès-fleuve de quatre mois (du 24 janvier au 24 mai). De ce fait, quelques dizaines seulement de victimes pourront faire le déplacement. 

360 parties civiles enregistrées. "Ils ont peur de nous", juge Christiane Pégourié, 73 ans. "Si ça s'était passé à Toulouse, c'est sûr qu'on aurait fait du bruit", ajoute-t-elle, tenant une poussette de marché bourrée d'affiches anti-Total. Afin de calmer la frustration des Toulousains, le procès sera retransmis intégralement dans la Ville rose, dans une salle de 700 places, mais il s'agira d'une retransmission à sens unique, le public ne pouvant intervenir ni donc faire réellement poids. Plus de 360 parties civiles se sont enregistrées pour participer au procès, à Paris et Toulouse, selon la Cour d'appel de Paris.