Jean-Noël Guérini, ex-président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône, est poursuivi pour "prise illégale d'intérêts". 1:20
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Europe 1 avec AFP
L'ex-président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, est poursuivi pour "prise illégale d'intérêts". Il est notamment soupçonné d'avoir abusé de son pouvoir pour favoriser l'entreprise de son frère Alexandre. Onze prévenus sont jugés depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Marseille. 

Jean-Noël Guérini a-t-il abusé de son pouvoir pour favoriser l'entreprise de son frère Alexandre ? L'ex-président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône s'est dit "humilié qu'on remette en cause sa probité" vendredi devant le tribunal correctionnel de Marseille. "J'ai toujours séparé les intérêts privés de mon frère et l'intérêt général, je n'ai jamais mélangé les genres", a affirmé le sénateur, poursuivi pour "prise illégale d'intérêt".

Mais les témoignages d'anciens collaborateurs et la diffusion d'écoutes téléphoniques entre lui et son frère l'ont montré apparemment plus sensible aux sollicitations de son cadet qu'il ne l'affirme. Evoquée dans la lettre anonyme à l'origine de l'enquête, la préemption puis la vente par le conseil général des Bouches-du-Rhône du terrain de la famille Semaire à la communauté d'agglomération Garlaban Huveaune Sainte-Baume (GHB) est à l'origine des poursuites contre l'élu et son frère.

"J'ai la conscience tranquille", assure Jean-Noël Guérini 

Ce terrain de La Ciotat, mitoyen du centre d'enfouissement de déchets du "Mentaure" exploité par Alexandre Guérini, suscitait alors bien des convoitises, dont celle de l'entrepreneur qui devait accroître sa capacité de stockage pour répondre aux conditions de l'appel d'offre de GHB qu'il avait remporté. A la barre, le beau-fils de l'ancien propriétaire du terrain a assuré que sa famille avait subi des pressions pour vendre, "coups de fil anonymes, perte d'une roue de l'un de ses camions sur l'autoroute".

"J'ai la conscience tranquille", a assuré Jean-Noël Guérini soulignant que c'était bien l'Etat et non lui qui avait changé la destination du terrain. "Je ne pouvais pas imaginer que cette décision serait prise", a-t-il affirmé. En réalité, la préfecture avait déjà à plusieurs reprises manifesté son intention d'autoriser l'extension du Centre du Mentaure au terrain voisin, notamment dans un arrêté de novembre 2004.

Onze prévenus jugés jusqu'au 9 avril

Alors, Jean-Noël Guérini a-t-il sciemment manœuvré pour favoriser son frère? "Jamais je ne me suis occupé de ses entreprises", a-t-il martelé même s'il a reconnu avoir souvent été sollicité par son cadet. "Il avait la maladie du téléphone" mais "entre ce qu'il me disait de faire et ce que je faisais, il y avait la Méditerranée", a-t-il lancé. Pourtant sur une écoute, on entend le sous-préfet d'Arles de l'époque, sollicité par l'élu pour un autre terrain convoité par Alexandre, lui expliquer : "Dites à votre frère qu'il prenne contact avec moi, j'arrangerai tout".

Onze prévenus, dont les deux frères Guérini, sont jugés depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Marseille dans ce dossier tentaculaire de "système clientéliste", selon l'accusation. Le procès doit durer jusqu'au 9 avril.