Charlie Hebdo 1:37
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Justin Morin, édité par Jonathan Grelier avec AFP , modifié à
A partir de ce mercredi et jusqu'au 10 novembre, 14 accusés, soupçonnés à des degrés divers de soutien aux auteurs des attentats de janvier 2015, vont être entendus par la justice dans le cadre d'un procès historique. Preuve de son importance, celui-ci sera filmé, malgré l'absence des auteurs principaux, abattus dans le foulée des faits.

C'est un procès historique et hors-norme qui s'ouvre ce mercredi au tribunal judiciaire de Paris. Historique, car il s'agit du procès des attentats de janvier 2015, qui avaient fait 17 morts et de nombreux blessés avec la tuerie de Charlie Hebdo, le meurtre d'une policière à Montrouge et la prise d'otages de l'Hyper Cacher. Hors-nome, car il implique près de 100 avocats, 200 personnes constituées parties civiles et 14 accusés. Ces derniers sont soupçonnés à des degrés divers de soutien logistique aux frères Saïd et Chérif Kouachi et à Amedy Coulibaly, auteurs des attaques qui avaient alors marqué profondément les Français. Des journalistes en provenance du monde entier sont aussi attendus pour couvrir ce procès qui se déroulera jusqu'au 10 novembre devant une cour d'assises spéciale.

"Ces 7, 8 et 9 janvier nous ont profondément bouleversé"

Preuve supplémentaire de l'importance de l'événement, celui-ci sera filmé intégralement, une première en matière de terrorisme, mais la treizième fois au total en France. Cinq caméras fixes ont été installées dans la salle d'audience. Elles seront supervisées depuis une régie extérieure et feront l'objet d'un cadre très strict : à tout moment, le président de l'audience pourra les interrompre s'il estime qu'elles "portent atteinte au bon déroulement des débats ou aux droits de la défense".

Attentats de janvier 2015 : un procès filmé pour l’Histoire

Le direct ne sera en revanche pas possible, comme ce fut le cas pour le premier procès français filmé, celui du criminel nazi Klaus Barbie en 1987. Les images seront directement versées aux archives nationales et disponibles uniquement quand la justice se sera définitivement prononcée, après d'éventuels appels.

Le dispositif est très encadré, mais la cour d'appel de Paris, qui l'a autorisé, le juge nécessaire. "Ces 7, 8 et 9 janvier nous ont profondément bouleversé", justifie notamment la cour qui ajoute que "ces 3 jours ont eu un retentissement qui a largement dépassé nos frontières".

Les auteurs avaient été abattus

Le procès est le premier pour un attentat djihadiste commis en France depuis celui de 2017, pour les tueries perpétrées par Mohamed Merah. Le 7 janvier 2015, les frères Kouachi, qui gravitaient depuis plusieurs années dans la sphère djihadiste, avaient attaqué la rédaction de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo à Paris, assassinant 12 personnes dont les dessinateurs historiques Cabu et Wolinski, avant de prendre la fuite.

Le lendemain, Amedy Coulibaly, délinquant radicalisé en prison, tuait une policière municipale à Montrouge, près de Paris, puis, le 9 janvier, exécutait quatre hommes, tous juifs, lors de la prise d'otages du magasin Hyper Cacher, dans l'Est parisien.

Il est mort sur place dans un assaut policier, les frères Kouachi ayant, eux, été abattus peu avant dans une imprimerie où ils s'étaient retranchés, à Dammartin-en-Goële, en Seine-et-Marne.

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Au cours des deux mois et demi du procès, certains rescapés des attaques viendront témoigner à la barre. "Ce procès est une étape importante pour eux. Ils attendent que justice soit rendue pour savoir qui a fait quoi, tout en sachant que ceux qui ont appuyé sur la gâchette ne sont plus là", expliquent Marie-Laure Barré et Nathalie Senyk, avocates de victimes de Charlie Hebdo.

"Il s'agit d'individus qui sont dans la logistique, dans la préparation des faits"

Malgré la mort des auteurs, le procureur national antiterroriste a contesté lundi sur Franceinfo l'idée selon laquelle le procès des attentats de janvier 2015 serait celui des "petites mains". "Je récuse l'idée qu'il s'agit de petites mains, de gens sans intérêts, c'est une erreur d'appréciation", a poursuivi Jean-François Ricard. Selon le procureur, "il s'agit d'individus qui sont dans la logistique, dans la préparation des faits, qui ont fourni des moyens de financement, du matériel opérationnel, des armes, un domicile… Tout ça est indispensable à l'action terroriste".

L'attaque visant Charlie Hebdo avait été revendiquée par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), quand Amedy Coulibaly s'était réclamé du groupe Etat islamique (EI).