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Gwladys Laffitte, édité par Rémi Duchemin , modifié à
Cinq jours après l’assassinat de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, les 16 gardes à vue ont été levées dans la nuit de mardi à mercredi. Si neuf personnes ont été libérées, sept autres, dont deux mineurs, un parent d’élève, et l’activiste islamiste Abdelhakim Sefrioui, vont être présentées à un juge antiterroriste mercredi.
DÉCRYPTAGE

L’enquête sur l’assassinat de Samuel Paty est entrée dans une nouvelle phase. Dans la nuit de mardi à mercredi, les 16 gardes à vue encore en cours ont été levées. Neuf personnes ont été libérées sans charge, mais sept autres devront faire face mercredi à un juge antiterroriste, qui pourrait les mettre en examen. Il s’agit de déterminer leur rôle exact dans l’engrenage qui a amené à la mort par décapitation du prof d’histoire, qui avait présenté à une partie de sa classe des caricatures de Mahomet dans la cadre d’un cours sur la liberté d’expression. Parmi ces suspects figurent deux mineurs, trois amis du terroriste, un parent d’élève et l’activiste islamiste Abdelhakim Sefrioui.

Les adolescents "ne pouvaient pas ignorer l'issue violente" 

Il y a donc d'abord deux collégiens. Ils sont soupçonnés d'avoir désigné Samuel Paty au tueur quelques heures avant l'attaque, contre une récompense de 300 euros qu'ils se sont partagés. Pour les enquêteurs, cela fait peu de doutes : les adolescents "ne pouvaient pas ignorer l'issue violente" de la démarche du tueur, selon une source proche de l'enquête. Parce que la polémique sur le cours enflait déjà depuis plusieurs jours, mais aussi parce que les vidéos du père de l'une de leur camarade qui appelait au renvoi du professeur circulaient beaucoup sur les réseaux sociaux.

Trois amis du terroriste, un jeune homme de 18 ans d’origine tchéchène, seront aussi présentés à un juge antiterroriste mercredi. L’un d'eux est soupçonné d'avoir amené en voiture le tueur vendredi matin, un autre l'aurait accompagné acheter l'une des armes qu'il avait sur lui.

Le père de famille avait échangé avec le terroriste

Et puis il y a ce parent d'élève, qui avait fait circuler les vidéos pour appeler à la mobilisation contre l'enseignant. Il est clairement établi par les policiers qu'il a échangé des messages pendant plusieurs jours avant l'attaque avec le terroriste, a priori via une messagerie cryptée comme Whatsapp. Quelle est la nature de leurs échanges ? C'est là tout l'enjeu, car si le terroriste a fait part de son projet au père de famille, pourquoi n'a-t-il pas prévenu la police ? Et l'a-t-il incité à passer à l'acte ? Ce sont ces éventuelles complicités que cherchent les enquêteurs.

Des questions qui se posent aussi à l'encontre du militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, ami du père de famille, et qui sera lui aussi sera présenté à un juge antiterroriste aujourd'hui.