Professeur décapité : des milliers de personnes rassemblées en France

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Des milliers de personnes se sont rassemblées place de la République, à Paris, pour rendre hommage à Samuel Paty. © Bertrand GUAY / AFP
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avec AFP , modifié à
Des milliers de personnes se sont rassemblées dimanche à Paris et partout en France, pour rendre hommage à Samuel Paty, le professeur décapité vendredi dans les Yvelines. A Paris, une minute de silence a été observée place de la République et plusieurs représentants politiques, dont le Premier ministre Jean Castex se sont rendus sur place.

Des milliers de personnes se sont rassemblées, dimanche, à Paris et partout en France pour rendre hommage à Samuel Paty, le professeur d'histoire décapité vendredi dans les Yvelines. Place de la République à Paris, beaucoup brandissaient des pancartes "non au totalitarisme de la pensée" ou "je suis prof" et saluaient dans le calme la mémoire de cet enseignant assassiné après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves.

"Tout ça pour ça"

"Je suis Samuel", "Liberté d'expression, liberté d'enseigner", ont également scandé certains dans le rassemblement parisien. De longs applaudissements ont été régulièrement entendus. Le Premier ministre Jean Castex, la maire de Paris Anne Hidalgo, la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse et le chef des Insoumis Jean-Luc Mélenchon étaient sur place.

Autour de la statue de la place de la République, qui continuait à se remplir, certains brandissaient des drapeaux tricolores, d'autres des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "il fait sombre au pays des lumières" "je suis musulman, je suis contre la violence, je suis pour la liberté d'expression", "je suis enfant de prof" ou encore "je suis prof".

Un homme a joué la chanson de Hugues Auffray "Adieu Monsieur le professeur" à la guitare, que chantaient de nombreuses personnes réunies autour de lui. Des Marseillaise étaient également entonnées. Certains manifestants portaient des pancartes où étaient affichées des caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo. La une du journal satirique "Tout ça pour ça", publiée début septembre à l'occasion de l'ouverture du procès des attentats de 2015 et qui reprenait les caricatures, était également brandie par certains.

"Je suis là comme prof, comme maman, comme française et comme républicaine", a affirmé Virginie, professeure de musique en région parisienne. Guigané, 34 ans et médiatrice socio-culturelle en Essonne, porte son fils de 4 ans sur les épaules. Elle est là pour rendre hommage à Samuel Paty, et "s'indigner contre cet acte odieux et affreux". "Il ne faut pas que cette violence s'installe et devienne notre quotidien ni qu'on s'y habitue", a-t-elle déclaré. Véronique, enseignante en conservatoire, est venue avec son mari mais sans leurs enfants adolescents. "Ils avaient peur de venir", a-t-elle dit. Pour elle, "il est temps de se manifester".

12.000 personnes rassemblées à Lyon

D'autres rassemblements se sont tenus à travers le pays. Partout, de longs applaudissements, des Marseillaise, des fleurs et des bougies. A Lyon, la place Bellecour était noire de 12.000 personnes, selon la préfecture. Ils étaient plus de 3.000 à Strasbourg, 1.500 à Lille, 2.500 à Marseille et 2.000 à Montpellier.

Castex, Mélenchon, Précresse, Hidalgo...

De l'extrême gauche à quelques représentants de la droite, plusieurs responsables politiques ont participé, dimanche, aux rassemblements, mais pas toujours dans un climat d'union. Le Premier ministre Jean Castex s'est lui-même rendu au rassemblement place de la République à Paris. "Nous n'avons pas peur. Vous ne nous diviserez pas", a lancé sur Twitter le Premier ministre Jean Castex, présent au rassemblement place de la République à Paris, au surlendemain de la décapitation d'un enseignant dans les Yvelines. "Nous sommes la France!", a ajouté le chef du gouvernement, aux côtés du ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer, de la ministre déléguée en charge de la Citoyenneté Marlène Schiappa.

Ceint d'une écharpe tricolore et entouré de plusieurs députés de son parti, le leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, a déclaré devant la presse qu'il était "de notre devoir à nous républicains d'être présents" à ce rassemblement dans la capitale, alors que "le but de ces criminels est de nous diviser". Mais "le gouvernement devrait se poser des questions" sur ce qui a pu conduire à l'assassinat de Samuel Paty, a-t-il ajouté.

Les patrons du PS, Olivier Faure, et d'Europe-Ecologie-Les Verts, Julien Bayou, avaient également annoncé leur présence. La maire de Paris Anne Hidalgo de même. La présidente de la région Ile-de-Paris Valérie Pécresse (ex-LR) a indiqué venir "place de la République soutenir nos enseignants frappés dans leur chair", sur Twitter. "Mais je récuse à tous ceux qui ont été de tous les défilés et de toutes les pétitions avec les islamistes le droit de se donner bonne conscience et s'exonérer de toute responsabilité en manifestant", a-t-elle ajouté, en référence à l'extrême gauche.

"Trop d'attaques sans vraies ripostes"

Certains des responsables LR ne se sont pas manifestés. "Il y a eu trop d'attaques sans vraies ripostes. Trop de marches suivies de trop de reculs. Trop d'hommages sans courage", a ainsi tweeté le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.

Le Rassemblement national avait de son côté annoncé que des "militants , sympathisants et adhérents" seraient présents dans les manifestations mais pas de responsables. Ceux-ci "sont dans l'action politique, travaillent à quelque chose de plus concret et en ont un peu marre de la 'politique de la bougie'", a-t-on indiqué au parti.