Le maire de Langouët a pris un arrêté qui a été très contesté par certains agriculteurs. 2:01
  • Copié
François Coulon, édité par Jonathan Grelier , modifié à
En mai 2019, le maire de la commune de Langouët en Ille-et-Vilaine prenait un arrêté anti-pesticides pour protéger les habitations. Depuis, la relation entre certains agriculteurs et la population est compliquée. "Ça nous meurtrit la tête, ça nous abîme. Ils ont l'impression qu'on veut empoisonner la terre, c'est une catastrophe", regrette l'un d'eux sur Europe 1.
REPORTAGE

Dans la commune de Langouët, en Ille-et-Vilaine, le dialogue entre certains agriculteurs et le reste de la population s'est brusquement tendu le 18 mai 2019. Ce jour-là, Daniel Cueff, le maire du village a pris un arrêté limitant l'épandage des produits phytosanitaires à des zones situées à plus de 150 mètres des habitations. "On nous a dénoncés à la gendarmerie, on nous a fait des photos... Ça crée beaucoup de tensions. Les gens pensent qu’automatiquement un agriculteur qui sort avec un appareil est quelqu'un de dangereux. Ça nous meurtrit la tête, ça nous abîme. Ils ont l'impression qu'on veut empoisonner la terre, c'est une catastrophe", regrette Dominique Hamon, éleveur de vaches laitières depuis près de 40 ans, au micro d'Europe 1.

>> Aux quatre coins de la France, Votre grand journal du soir vient à votre rencontre avant les élections municipales. Lundi soir, écoutez le en direct de Langouët, de 18 heures à 20 heures sur Europe 1

Corinne Lepage, avocate du maire de la commune

Pour Dominique Hamon, l'arrêté municipal est excessif et n'a pas fait l'objet de suffisamment de concertation. En octobre, le texte a été annulé par le tribunal administratif. Mais Daniel Cueff, qui ne se représentera pas aux prochaines élections municipales de mars, porte désormais son combat au Conseil d'Etat et au niveau européen. Il est devenu le chef de file de la bataille menée par un groupe d'élus ayant pris des arrêtés similaires, contre certaines pratiques de l'agriculture intensive. Le collectif rassemble désormais 120 édiles environ et compte sur l'ancienne ministre de l'Environnement et avocate Corinne Lepage pour porter leur voix.

De son côté, Dominique Hamon reconnaît qu'il avait parfois la main lourde concernant les pesticides par le passé. "Autrefois, on tapait dur. On mettait des doses beaucoup plus importantes et on passait plus de fois", concède-t-il. Mais l'agriculteur fait valoir "qu'aujourd’hui", sa profession "a diminué de plus de 30 à 40% les doses".

"Une famille où on ne mange que du bio"

Au milieu de cette relation tendue se trouve la population, première concernée. "Nous, on est une famille où on mange que du bio. On essaie de faire très attention à l'alimentation. Donc c'est vrai que les pesticides, on préférerait qu'il n'y en ait pas dans les champs en fait, je pense qu'on peut faire autrement. On veut de l'air pur", explique ainsi Aurélia, la mère de Charles, un petit garçon de 4 ans. Sa maison est située en bordure d'un des champs de Dominique Hamon, à Langouët. "Eux [les agriculteurs], le fait de produire sans pesticides leur demande de faire autrement, avec peut-être des coûts plus importants, donc c'est sûr qu'il ne faut pas passer du tout à rien. Il faut essayer de trouver une solution ensemble, mais rapidement", reconnaît-elle.