Apollo XI, un bond de géant pour l’humanité : "il fallait surtout que ce ne soit pas un fiasco en direct"

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Guillaume Perrodeau
Chez Christophe Hondelatte, Philippe Henarejos, rédacteur en chef du magazine "Ciel et Espace", revient sur la mission qui a mené au premier pas de l'homme sur la Lune.

Le 16 juillet 1969, trois astronautes - Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins - embarquent dans la fusée Saturne V en direction de la Lune. Une mission pour l'éternité, qui marque le premier pas de l'homme sur la Lune. Chez Christophe Hondelatte jeudi, Philippe Henarejos, rédacteur en chef du magazine Ciel et Espace, revient sur cette mission Apollo XI.

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"Apollo XI était le pari de Kennedy en 1961". 9h32, le 16 juillet 1969 à Cap Canaveral, aux États-Unis. Saturne V décolle de la base de la Nasa, avec à son bord les trois astronautes Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins. L'objectif de la mission Apollo XI est de faire marcher l'homme sur la Lune, pour la première fois de l'histoire. "Apollo XI était le pari de Kennedy en 1961, il fallait le faire avant les Soviétiques et avant 1970", souligne Philippe Henarejos, qui rappelle que la mission était beaucoup plus politique que scientifique, "il fallait surtout que ce ne soit pas un fiasco en direct".

Trois jours et demi de voyage sont nécessaires pour rallier la Lune. Le décollage se passe bien, tout comme les différentes phases de largage des étages de Saturne V. Le 19 juillet 1969, à 11h58, le vaisseau se place en orbite autour de la lune, à 572 kilomètres du sol lunaire. Pendant 27 heures, Saturne V va faire treize fois le tour de la Lune pour s'assurer de la bonne trajectoire.

À l'occasion de la sortie le 17 octobre du nouveau film de Damien Chazelle, First Man : le premier homme sur la Lune, dont Europe 1 est partenaire, la station propose une programmation spéciale le jeudi 11 octobre. Entre interviews et reportages, retour sur la mission Apollo XI qui a tenu en haleine le monde entier.

Armstrong et Aldrin s'installe à bord de l'Eagle, le module lunaire, pendant que Collins, lui, reste seul dans le module de commande. La Lune, il la verra de sa cabine. L'Eagle se détache et entame sa descente vers le sol lunaire. Les mètres passent par centaine, jusqu'à ce qu'une alarme retentisse. La 1202. En temps normal, cela signifie que la mission est tout simplement annulée. Neil Armstrong et Buzz Aldrin joignent Houston, qui leur explique qu'il s'agit seulement d'un problème de mémoire de l'ordinateur. La mission Apollo XI continue.

"Les hauts responsables de la Nasa ne voulaient pas que ce soit Aldrin". Le 20 juillet 1969 à 15h17, heure de Houston, l'Eagle finit par se poser sur la Lune, dans la zone dite "mer de Tranquilité", non sans encombres. En effet, Neil Armstrong a dû prendre le contrôle manuel du module lunaire pour se poser, car distrait par l'alarme 1202, il avait oublié de corriger une dernière fois la trajectoire du vaisseau. Mais la priorité n'est pas encore de fouler le sol. Les deux hommes doivent préparer leur module en cas de décollage d'urgence. Cela dure six heures. "La Nasa prend d’énormes précautions. La première des choses qui compte est la sécurité des astronautes", explique Philippe Henarejos.

Une fois les préparations terminées, Neil Armstrong descend l'échelle qui va lui faire poser le pied sur le sol lunaire. La caméra embarquée se met en marche. L'astronaute décrit le sol et la sensation de son pied sur la surface lunaire, puis prononce ces mots qui resteront dans l'histoire : "c'est un petit pas pour l’homme, mais un bond de géant pour l’humanité". La décision pour savoir qui allait descendre le premier avait été tranchée des mois plus tôt. "À l’unanimité, les hauts responsables de la Nasa ne voulaient pas que ce soit Aldrin dont on se souvienne pour l’éternité. Il y avait un réel problème de personnalité : Aldrin était très cabotin, il aimait se mettre en avant", confie le rédacteur en chef de Ciel et Espace. Un caractère très loin du posé et taiseux Neil Armstrong, réputé pour son sang-froid.

"On se limite à l’essentiel". Neil Armstrong prend une série de clichés, rapidement rejoint par Buzz Aldrin qui teste sa mobilité en faisant des bonds. Les deux astronautes s'entretiennent avec Richard Nixon, place une plaque commémorative et le drapeau américain, recueillent des roches lunaires, puis, après deux heures sur la Lune, il est déjà temps de remonter. "La station scientifique qui était prévue dans le programme Apollo XI a été coupée de moitié. On se limite à l’essentiel, à savoir ramasser quelques roches. Les astronautes ne respectent pas les protocoles des géologues car leur timing est explosé", raconte Philippe Henarejos.

Les trois hommes viennent de réaliser le plus grand exploit de l'humanité. On estime que 600 millions de personnes à travers le monde étaient devant leur télévision ou leur radio pour suivre ces premiers pas de l'homme sur la Lune.