Elysée 1:42
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Arthur de Laborde avec AFP / Crédit photo : XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Au lendemain de la "grande marche civique" contre l'antisémitisme, qui a rassemblé 182.000 personnes dans toute la France, les représentants des cultes ont été reçus ce lundi matin par Emmanuel Macron à l'Élysée. 

Le président Emmanuel Macron a reçu lundi matin les représentants des cultes à l'Élysée, au lendemain des manifestations contre l'antisémitisme et après avoir lancé lui-même un appel à l'unité du pays dans une lettre aux Français, a annoncé la présidence. "Dans le prolongement de l'appel à l'unité de la Nation et à la fraternité qu'il a lancé dans sa lettre aux Français, le président de la République recevra les représentants des cultes aujourd'hui (lundi) à 9h30 au palais de l'Élysée", a indiqué un communiqué, sans préciser exactement qui participerait à ces réunions.

Les représentants des cultes ont voulu porter un message d'unité. À la sortie de cette réunion de deux heures avec Emmanuel Macron, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a souligné des mots très forts du chef de l'État, en particulier sur l'empathie que l'on doit avoir les uns envers les autres. "Personne ne peut s'enfermer dans sa seule et sa simple souffrance. À ce moment-là, on segmente une société. C'est ce qu'on a vécu dans la marche dimanche où tout le monde s'est rassemblé pour les valeurs de la République, ce qui implique de lutter contre l'antisémitisme et contre tous les racismes", a-t-il expliqué.

"L'antisémitisme ne passera pas par les mosquées de France"

S'il n'était pas présent, Emmanuel Macron est longuement revenu sur la marche de dimanche. "Il a dit tout le bien qu'il pensait de cette marche, la dignité qu'il a senti dans le pays", rapporte le président de la Confédération des évêques de France, monseigneur de Moulins-Beaufort. "Et il nous a encouragé surtout à ce qu'on multiplie les actions éducatives, en particulier en direction des jeunes."

"L'antisémitisme ne passera pas par les mosquées de France", a pour sa part martelé Hafiz Chamseddine, le recteur de la Grande Mosquée de Paris. "Au lieu de faire de cette manifestation une lutte contre l'antisémitisme, il aurait fallu faire une lutte contre le racisme". Il a donc expliqué pourquoi il n'était pas présent lors de cette marche dimanche. Quant à Emmanuel Macron et du côté de l'Élysée, on souligne que cette réunion avec les représentants des cultes était "un prolongement de l'appel à l'unité de la nation" que le chef de l'État avait lancé juste avant la marche.

Prévention et répression

Lors de cette réunion de deux heures avec les représentants des cultes, Emmanuel Macron a surtout voulu montrer qu'il était dans l'action. Non seulement pour superviser la réponse opérationnelle aux actes antisémites, mais plus largement pour maintenir l'unité du pays face au risque d'importation du conflit en France. Devant les représentant des cultes, le chef de l'Etat a donc expliqué qu'il y avait, à ses yeux, besoin à la fois de prévention et de répression, promettant de futures annonces sur le sujet, sans donner plus de précisions à ce stade. 

Et alors que la quasi totalité de ses opposants qualifient son absence de dimanche de faute politique, la majorité, elle, fait bloc derrière le président. S'il n'était pas là physiquement, il était présent par la pensée, assure un cadre de la macronie, qui souligne que la parole d'Emmanuel Macron a été tout de même omniprésente dans l'espace médiatique, à travers notamment la lettre qu'il a adressée aux Français. Un message quelque peu court-circuité par l'interview accordée vendredi soir par le président à la BBC, dans laquelle il exhortait Israël à cesser les bombardements en tuant des civils à Gaza. La combinaison entre ces deux séquences n'a pas été heureuse, reconnaît d'ailleurs un conseiller de l'exécutif.

Gérald Darmanin présent

Le Grand rabbin de France Haïm Korsia et Elie Korchia, président du consistoire central israélite de France, ont été invités, aux côtés du président de la Confédération des évêques de France Éric de Moulins-Beaufort, du recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-Eddine Hafiz et de Mohammed Moussaoui, président de l'Union des mosquées de France.

Le forum de l'islam de France, lancé fin 2021 et censé structurer le culte musulman mais qui peine à s'imposer, a été représenté par un de ses membres, Sadek Beloucif. Pour le culte orthodoxe, Dimitrios Ploumis était présent, de même qu'Antony Boussemart pour les bouddhistes et Christian Krieger pour les protestants. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a également participé à cette réunion.

182.000 personnes ont manifesté dimanche

Environ 105.000 personnes à Paris, et au total 182.000 dans toute la France, ont manifesté dimanche pour afficher leur rejet de l'antisémitisme face à l'explosion du nombre d'actes hostiles aux Juifs depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre.

Dans une lettre publiée samedi soir par le journal Le Parisien, Emmanuel Macron avait déploré "l'insupportable résurgence d'un antisémitisme débridé" et jugé qu'une "France où nos concitoyens juifs ont peur n'est pas la France". "La France doit rester unie derrière ses valeurs, son universalisme, unie pour elle-même, pour porter son projet et œuvrer à la paix et la sécurité de tous au Proche-Orient", avait-il ajouté.