Antilles : un gendarme blessé, le couvre-feu prolongé en Guadeloupe et Martinique

La Guadeloupe, la Martinique et Saint-Martin connaissent un fort mouvement social.
La Guadeloupe, la Martinique et Saint-Martin connaissent un fort mouvement social. © LOIC VENANCE / AFP
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Europe 1 avec AFP
Alors que la Guadeloupe et la Martinique sont en pleine crise sociale et sanitaire, de nouvelles violences ont éclaté jeudi à Saint-Martin. Un gendarme a notamment été blessé après avoir essuyé des salves de tirs mais ses jours ne sont pas en danger. Face à la situation, la prolongation du couvre-feu a été décidée sur les deux îles. 

Un gendarme a été blessé jeudi à Saint-Martin dans le cadre des violences et barrages qui bloquent depuis deux semaines les Antilles et qui ont entraîné dans la journée la prolongation du couvre-feu en Guadeloupe et en Martinique. La Guadeloupe, la Martinique et Saint-Martin connaissent un fort mouvement social, né du refus de l'obligation vaccinale pour soignants et pompiers et qui s'est étendue à des revendications politiques et sociales, notamment contre la vie chère, occasionnant violences, pillages et incendies. Les deux îles sont placées sous couvre-feu.

A Saint-Martin, petite île qui dépend de la Guadeloupe, des affrontements ont opposé jeudi la gendarmerie à un groupe de personnes au niveau de Sandy Ground et de la Baie Nettlé, où les forces de l'ordre tentaient d'évacuer une carcasse de voiture sur la route, et un gendarme a été blessé. En fin de matinée, à l'entrée de la Baie Nettlé, "nous avons essuyé trois salves de tirs dans notre direction", a indiqué la gendarmerie. Un membre des forces de l'ordre a reçu une balle, qui a traversé sa jambe gauche et s'est logée dans la droite. "Ses jours ne sont pas en danger", a précisé la gendarmerie.

Le couvre-feu prolongé

En Guadeloupe, "compte tenu de la poursuite des troubles à l'ordre public dans certaines communes avec notamment l'interpellation d'individus armés, la persistance de rassemblements destinés à barrer les axes de circulation, d'incendies de barrages", le préfet Alexandre Rochatte a décidé "la prorogation du couvre-feu" entre 18 heures et 5 heures "jusqu'au 7 décembre, à 5 heures", sur 21 communes, dont Pointe-à-Pitre, explique un communiqué. "Cette nuit a été marquée par plusieurs tentatives de réinstallation d'obstacles sur les routes", comme "l'incendie d'un bus de transport scolaire volé (...) dans le but de couper la RN1", selon la préfecture, précisant que "dix nouvelles interpellations ont eu lieu durant la nuit".

Une décision similaire de prolongation du couvre-feu a été prise en Martinique, mais jusqu'au 4 décembre à 5 heures. Dans cette île, la gendarmerie a lancé jeudi une grande opération de démantèlement de tous les blocages de ronds-points. Déjà dans la nuit, gendarmes et police nationale étaient intervenus sur les sites de Mahault et de la Brasserie Lorraine, au Lamentin, donnant aux lieux des allures de guérilla urbaine.

La circulation semblait totalement rétablie dans la journée, à l'exception de deux blocages: l'un au port - où de nombreuses denrées alimentaires restent stockées, provoquant des pénuries dans plusieurs supermarchés de l'île - , l'autre devant la raffinerie. L'intervention des forces de l'ordre a cependant permis les rotations d'une trentaine de camions, pour environ 80 remplissages de stations-service, ce qui a créé de nombreuses files d'attentes aux abords des pompes à essence. Lors d'une intervention au rond-point de Choco-Choisy à Saint-Joseph, qui a nécessité un hélicoptère et trois bulldozers pour retirer une dizaine de véhicules calcinés, "nous avons eu des sourires, des bravos, des pouces en l'air, cela fait chaud au coeur", a confié une source de la gendarmerie.

Des négociations qui n'aboutissent pas

En Guadeloupe, pour tenter de sortir de la crise les élus ont rencontré pendant quatre heures le "collectif des organisations en lutte", mais la réunion a surtout abouti à redemander une nouvelle fois "la venue d'une mission interministérielle permettant d'obtenir des engagements fermes sur les points relevant de la compétence de l'État ou nécessitant son implication renforcée". "Contrairement à ce que Lecornu (le ministre des Outre-mer, NDLR) dit, la quasi-totalité des points" de la plate-forme de revendication "relève de l'intervention de l'Etat, au plus haut niveau", a expliqué à la presse, Elie Domota, porte-parole pour le LKP.

Les négociations avec Sébastien Lecornu, arrivé en Guadeloupe pour une visite express le 29 novembre, avaient tourné court en raison du refus des syndicats de condamner les "tentatives d'assassinat contre des policiers et des gendarmes". En Martinique, le ministre a promis d'ouvrir les discussions sur "l'adaptation des modalités d'application de la loi sur l'obligation vaccinale", déjà reportée du 15 novembre au 31 décembre.