Aïcha a subi le racisme dans sa belle-famille : "Ma belle-fille m’a menacée de mort"

  • Copié
Léa Beaudufe-Hamelin
Aïcha a été victime de racisme dans sa belle-famille. Les enfants de son mari l’insultaient et l’ont même menacée de mort. Au micro d’Olivier Delacroix, sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Aïcha raconte que, depuis le décès de son mari, ses beaux-enfants la tourmentent au sujet de la succession.
TÉMOIGNAGE

Aïcha est d’origine tunisienne et s’est mariée avec un Français. Elle a été victime de racisme dans sa belle-famille. Elle raconte que les enfants de son mari l’insultaient et l’ont même menacée de mort. Depuis que son mari est décédé, les choses se sont envenimées avec ses beaux-enfants au sujet de la succession. Au micro de "La Libre antenne" sur Europe 1, Aïcha raconte à Olivier Delacroix le racisme que sa belle-famille lui a fait subir. 

"Mon mari s’appelait Pierre. Il est venu passer ses vacances en Tunisie en 1978. J’étais encore jeune et belle. On s’est croisés et on a échangé. Il m’a donné son adresse. Quelques temps après, je lui ai écrit. La première fois qu’il m’a accueillie chez lui, je suis restée trois semaines. Je ne pensais pas que j’allais me marier avec lui et fonder une famille, parce qu’il avait 30 ans de plus que moi. Il avait 55 ans et moi, j’en avais 25. 

Mon père et mon frère m’ont battue. Ils ont brûlé mes papiers pour que je ne parte pas et que je ne me marie pas avec Pierre. On est allés au consulat français de Tunis pour faire un contrat de mariage. Le jour des noces, c’était l’enfer. Mon frère avait bu et il menaçait tout le monde. Il m’a dit : "Ne remets jamais les pieds ici, sinon je te coupe la tête". J’ai suivi mon mari, on est rentrés en France. Après je suis tombée enceinte. Ma fille est née en février 1983. 

" J’ai dû reconnaître mon enfant en mon nom "

Quand ma belle-mère a su que j’étais mariée avec son fils, ça a été la croix et la bannière. Je ne savais pas que Pierre avait des enfants. Quand son fils a su que j’étais enceinte, il a dit : "Il faut la passer à l’aspirateur". Ma belle-mère commandait mon mari et lui a dit de ne pas reconnaître notre fille. J’ai dû reconnaître mon enfant en mon nom. Elle a porté mon nom jusqu’à l’âge de 17 mois. J’en ai vu de toutes les couleurs avec eux.

Les enfants de Pierre m’appelaient "la bougnoule". Ils me disaient : "Il faut que tu rentres chez toi. Tout ce qu’a papa, c’est à nous." Ils étaient très méchants. En 38 ans, je ne les ai vus qu’une fois. Ça s’est mal terminé parce que ma belle-fille m’a menacée de mort. On était à table et les enfants ont dit : "Il faut mettre tous les arabes dans un sac et les noyer." Mon mari ne disait rien. Il me tapait sous la table, ça voulait dire "Tais-toi".

 

Ma belle-mère me disait : "Tout ça, c’est à mes petits-enfants, ton enfant n’aura rien." J’étais fâchée contre mon mari. Il a pris un avocat. Il a fallu faire une prise de sang à mon bébé pour prouver que c’était l’enfant de Pierre. Tout ça pour l’héritage. Après mon mari est tombé malade. Il est décédé le 25 août 2017. Ils m’embêtent tous avec la succession. J’en ai tellement subi que parfois, je voudrais me foutre en l’air. Je suis la seule à aller sur sa tombe. 

Je vis dans la maison de Pierre. Il a fait une donation entre époux. J’ai une moitié de la maison et les enfants ont l’autre moitié. Ils sont pressés. Ses enfants voudraient que je sois à la rue. J’ai travaillé, j’ai amélioré beaucoup de choses dans cette maison. Je faisais le ménage dans toutes les maisons de mon quartier. Je suis fière de moi. Ma fille veut aussi sa part d’héritage. Elle vit à mes frais. Ma fille me dit que je ne suis restée avec Pierre que pour l’argent. Je n’ai personne. Je me bats toute seule."