Affaire Zineb Redouane : un avocat de la famille saisit le Conseil supérieur de la magistrature

L'avocat accuse le procureur, Xavier Tarabeux (photo), d'avoir "sciemment menti" dans l'affaire Zineb Redouane.
L'avocat accuse le procureur, Xavier Tarabeux (photo), d'avoir "sciemment menti" dans l'affaire Zineb Redouane. © FRANCK PENNANT / AFP
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avec AFP
L'avocat de la famille de cette octogénaire décédée après avoir été blessée par une grenade lacrymogène à Marseille invoque des "manquements déontologiques" du procureur de la République de Marseille.

Un des avocats de la famille de Zineb Redouane, une octogénaire grièvement blessée par une grenade lacrymogène à Marseille en décembre et décédée le lendemain à l'hôpital, a saisi le CSM, invoquant "des manquements déontologiques" du procureur de la République de Marseille durant l'enquête.

Le procureur aurait "sciemment menti"

 

"Monsieur Xavier Tarabeux a manqué à ses obligations déontologiques", écrit Me Yacine Bouzrou, au nom d'une des filles de Zineb Redouane, dans une lettre révélée par La Provence et consultée mardi par l'AFP. L'avocat estime que ces "manquements disciplinaires" ont eu "des conséquences graves sur le déroulement de la procédure". Me Bouzrou reproche notamment au procureur d'avoir "sciemment menti" en ne faisant pas le lien dans ses premières déclarations entre la blessure au visage de Zineb Redouane et son décès. Au lendemain du décès de l'octogénaire, le 2 décembre, le procureur avait indiqué à l'AFP qu'elle était morte d'un "choc opératoire" et que l'autopsie avait révélé que le "choc facial n'était pas la cause du décès". Pour l'avocat, Xavier Tarabeux "ne pouvait ignorer à la lecture du rapport d'autopsie" que ces "affirmations" étaient fausses.

"Le dossier est en cours de procédure de dépaysement, je ne m'explique pas la persistance avec laquelle cet avocat s'écarte ainsi de l'intérêt primordial de déterminer les circonstances du décès de Zineb Redouane", a réagi Xavier Tarabeux auprès de l'AFP. "Le 4 décembre, deux jours après avoir eu connaissance du décès, lors de l'opération chirurgicale", de Zineb Redouane, "une information judiciaire a été ouverte sous la responsabilité d'un juge d'instruction", rappelle aussi le magistrat. 

La présence du procureur adjoint en question

L'avocat reproche également au procureur de ne "pas avoir porté à la connaissance des parties et des magistrats chargés du dossier", la présence de son adjoint, André Ribes, sur le terrain lors des incidents. André Ribes a dirigé l'enquête préliminaire ouverte avant que le procureur désigne un juge, le 4 décembre. Celui qui dit avoir reçu des menaces de mort sur les réseaux sociaux, a reçu mardi le "soutien" des magistrats du parquet de Marseille qui dénoncent dans une motion "une insidieuse campagne de presse de dénigrement" à son encontre. Me Bouzrou, qui accuse le procureur de Marseille d'avoir "tenté d'étouffer" l'enquête sur la mort de Zineb Redouane, a par ailleurs déposé plusieurs plaintes en marge de l'affaire.

Le samedi 1er décembre, de violents incidents avaient éclaté en marge d'une manifestation contre le logement insalubre, pour le climat, et une autre des "gilets jaunes". Dans son appartement au 4e étage, Zineb Redouane, avait été frappée en plein visage par une grenage lacrymogène en fermant ses fenêtres. Elle était morte sur la table d'opération à l'hôpital deux jours plus tard.