Yoni Palmier (1280x640) BERTRAND GUAY / AFP 3:08
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Clémence Olivier
Christophe Hondelatte revient sur l'affaire Yoni Palmier, série de meurtres commis par un homme dans l'Essonne en 2011 et 2012.

Mais pourquoi a-t-il tué Nathalie Davids, Jean-Yves Bonnerue, Marcel Brunetto et Nadia Boudjemia, quatre personnes qui n'ont à priori rien en commun ? Lundi, sur Europe 1, Christophe Hondelatte revient sur l'affaire Yoni Palmier, l'histoire d'un homme qui a commis une série de meurtres dans l'Essonne en 2011 et 2012 et dont les motivations restent encore aujourd'hui inconnues…

Cette affaire démarre en 2011 avec un corps, celui de Nathalie Davids, 35 ans. Il est retrouvé criblé de balles dans le parking de son immeuble à Juvisy-sur-Orge, dans l'Essonne. Les policiers suspectent d'abord rapidement son compagnon Michel Courtois, un homme mythomane avec qui Nathalie était en couple depuis deux ans. En garde à vue, il reconnaît d'ailleurs le meurtre, puis se rétracte. Mais les enquêteurs s'interrogent lorsqu'un nouveau meurtre survient dans le même parking quelques semaines plus tard. Jean-Yves Bonnerue, 52 ans, est tué à quelques mètres de là où Nathalie avait été assassinée. Une douille est retrouvée sur place. Elle correspond à l'arme du premier crime. Michel Courtois a-t-il pu commanditer depuis la prison ? Dans le doute, l'homme est maintenu en cellule. 

Mais les meurtres se succèdent. Trois semaines plus tard, à quelques kilomètres de Juvisy, à Ris Orangis, toujours dans l'Essonne, Marcel Bruneto est tué d'une balle dans la tête dans le hall de sa cité HLM. Le 5 avril 2012, c'est une quatrième victime, Nadia Boudjemia, 48 ans, qui est abattue de trois balles alors qu'elle rentre chez elle. À chaque fois, le même scénario se répète : des témoins affirment avoir vu un motard - c'était le cas également pour les deux premiers meurtres - , et la balle correspond au modèle de l'arme qui a tué Nathalie Davids. Seule différence, cette fois, les jeunes du quartier sont capables de décrire précisément la moto. C'est une Suzuki blanche et bleue. Un signalement de la moto est diffusé, la liste des cartes grises épluchées et un nom ressort alors, celui de Yoni Palmier, un habitant de Draveil, dans l'Essonne.

Un homme marginal, déjà condamné pour violences

Cet homme est un marginal. Il apparaît pressé, stressé, quand les policiers le rencontrent. Rapidement, ces derniers découvrent une moto Suzuki dans l'un des box qu'il possède. En garde à vue, Yoni Palmier assure n'avoir rien à voir avec les meurtres. Mais dans un immeuble où l'homme gare ses voiturettes, les policiers découvrent une douille qui correspond à l'arme du crime. Ils retrouvent également dans un autre box une arbalète, un gilet par balle mais surtout deux pistolets, les armes des crimes. Cet homme toqué, qui ne supporte pas d'avaler sa salive, déjà condamné pour violences, menaces de morts et pour avoir poignardé sa mère de quatre coups de couteau, est mis en examen pour les quatre meurtres. 

En 2015, en première instance, Yoni Palmier admet "une part de responsabilité" dans le premier des quatre meurtres, celui de Nathalie. En revanche, il affirme n'avoir "rien à dire" sur les trois autres. Condamné à la prison à perpétuité et à une période de 22 ans de sûreté assortie d'une mesure de rétention de sûreté, il fait appel. Lors de son deuxième procès, il reconnaîtra tous les faits et affirmera seulement avoir choisi ses victimes au hasard. Il écopera d'une peine de prison à perpétuité et d'une période de 22 ans de sûreté.

"Il a pris quelqu'un au hasard pour tirer"

"C'est une frustration totale pour la famille et une tristesse incommensurable" de ne toujours pas savoir pourquoi Yoni Palmier a tué ces quatre personnes, a réagi lundi Me Élisabeth Auerbacher, l'avocate de la famille de Nathalie Davids au micro de Christophe Hondelatte. "Le problème, c'est que Yoni Palmier est quelqu'un de marginal, qui est en dehors de toute sorte de société. Il ne respecte pas la légalité de quoi que ce soit. Yoni Palmier a dit lui même que c'était le hasard. Il louait une place de parking là où habitait Nathalie Davids…", étaye l'avocate.

Pour autant, les psychiatres ont estimé qu'il pouvait être considéré comme responsable de ses actes. "Je pense que les parties civiles n'auraient pas accepté que l'on dise qu'il était est fou et donc qu'il n'était pas accessible à la sanction pénale", estime Me Élisabeth Auerbacher, qui convient que son cas est très complexe : "Il est accessible à une réflexion. Il a une prise de conscience de l'acte mais en même temps, il y a une fuite, des tocs, il a une histoire familiale qui n'a pas été traitée. Dans ces conditions, il est entre la responsabilité et la folie. On ne sait pas quoi en faire, donc on dit qu'il est responsable."